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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 12:51



Deuxième séance du club à 2 thèmes avec une petite série de rouges autrichiens et une verticale de Gondonne du Domaine Goisot.

Je me suis chargé de l’achat des rouges autrichiens dans la Vinothek de Neustift im Stubaital lors de mon dernier séjour dans ce pays.
Pour la verticale de Gondonne, Stéphane a prélevé les précieux flacons dans sa réserve personnelle et dans l’oenothèque d’OliH, notre ami nancéen toujours prêt à secourir des dégustateurs en quête de références rares.

Les 4 rouges autrichiens et le vin pirate sont passés en carafe et dégustés à l’aveugle (sauf pour moi évidemment), la verticale de Gondonne se fait du vin le plus jeune (2007) au plus vieux (2000). Verres INAO ou Spiegelau.

Soirée club AOC du 30 avril 2010 à Kilstett


Première série : 4 vins rouges d’Autriche et 1 pirate.


Les vins proviennent du domaine Tschida à Apleton, dans le Burgenland, à quelques kilomètres de la frontière hongroise. Cette région représente 36% de la superficie totale viticole autrichienne. Le climat est continental, avec des hivers très froids et des étés caniculaires, mais le Neusiedlersee, un lac étendu et peu profond, assure une forme de régulation thermique favorable à une maturation douce des raisins.
La vigne pousse en plaine sur des sols de terre noire sablonneuse et saline.
Le Domaine Tschida pratique une viticulture exigeante, lutte intégrée et contrôle strict des rendements, ainsi qu’un travail en cave précis et moderne avec des vinifications thermo-régulées et un élevage en cuves inox, en foudres ou en barriques selon les cuvées.


Blauer Zweigelt Médium 2009


Le nez est marqué par les fruits rouges et par quelques notes lactées, la bouche est ronde et légère avec une finale finement acidulée.
Issu du cépage rouge le plus répandu en Autriche et élevé uniquement en cuve inox, ce vin simple et gourmand est fait pour accompagner les futures libations estivales


Blauer Zweigelt Fuchsloch 2008


De puissantes notes de torréfaction monopolisent l’attaque olfactive et dominent un peu les beaux arômes de cerise mûre et d’épices. La bouche est soyeuse avec une belle trame tannique et une finale assez vive de longueur moyenne.
Le boisé est présent mais cette cuvée élevée en barriques neuves à 80% se boit avec facilité et plaisir.


Blaufränkisch Vier Eimer Fass 2008

Le nez est discret mais agréable avec des notes de petits fruits noirs (mûre et myrtille) et quelques nuances boisées, la bouche est très ronde à l’attaque, elle offre une palette de fruits noirs confits et de poivre, la finale est assez longue mais un peu sévère.
Issu de l’un des deux cépages à l’origine du Zweigelt (l’autre est le Saint-Laurent) et élevé en barrique de 228 l (1 « Eimer » - fait 57 litres en Autriche), ce vin rouge se goûte fort bien jeune, mais on sent un vrai potentiel de garde.


Morgon Côte de Py James 2007 – J.M. Burgaud à Morgon


Le nez est discret et pur avec des notes de fraise mûre et d’épices, complétées par un fond délicatement floral, la bouche est vive et tendue avec une trame tannique profonde et une belle persistance en finale.
Un pirate facilement démasqué par Florian : la puissance de sa charpente et la longueur finale dénotaient franchement avec la série.
Ceci dit, malgré une année de moins au compteur, ce vin semblait nettement trop jeune pour donner toute sa mesure aujourd’hui. La rondeur du 2006 goûté quelques jours plus tôt aurait mieux tenu son rôle d’invité surprise.


Blauer Burgunder 2008


Le nez est intense avec de la framboise, un léger fumé et même un peu de miel, la bouche est ronde et fruitée, la finale est longue et finement acidulée..
Un pinot noir élevé en foudres, à la robe diaphane mais avec un équilibre tonique et une belle présence en bouche



p 042
La série rouge au complet




Pour conclure :

- Les vins rouges autrichiens représentent une production encore marginale dans ce pays (les blancs représentent près de 80% de l’encépagement) mais les quatre cuvées dégustées ce soir nous ont laissé une impression de vins très bien travaillés, plaisants et faciles d’accès dès leur plus jeune âge.


- L’utilisation quasi-systématique de bois dans les élevages peut surprendre mais ne dérange pas à la dégustation. Cependant la question du comportement de ces vins dans le temps reste ouverte...


- Le seul bémol reste le prix de ces vins : ces cuvées de moyenne gamme se situent toutes au dessus des 12 euros, ce qui les met en concurrence avec des crus qui leur sont supérieurs à mon sens : entre un Blau Burgunder à 14 euros et un Pinot Noir Côte de Rouffach de Rieflé à 11 euros ou un Givry… il n’y a vraiment pas photo !


- Pour le coup de cœur : hormis le Burgaud, qui après une bonne oxygénation s’est révélé vraiment au dessus du lot, j’ai une nette préférence pour ce Vier Eimer Fass, complet et séveux, qui a copieusement arrosé mes agapes post-glisse dans ma villégiature autrichienne.




Deuxième série : verticale de Gondonne.

Le domaine Goisot est l’adresse incontournable de l’appellation Bourgogne Côtes d’Auxerre et La Gondonne est un des 3 climats sélectionnés par la maison pour élaborer leurs cuvées prestige.
La Gondonne est une parcelle calcaire de 1,2 hectares avec des vignes de chardonnay de plus de 40 ans, travaillées en bio-dynamie.
Les vins se font à la bourguignonne avec fermentation et élevage sur lies fines pendant 12 mois en barriques de chêne.


2007

Un premier nez intense sur l’abricot cède assez vite la place à une palette plus complexe où on reconnaît des nuances florales, du fenouil et un léger boisé, la bouche est serrée avec un équilibre sec et une belle présence minérale. La finale est de longueur moyenne.
Un vin séduisant avec une touche racée déjà bien définie…une entrée en matière tout à fait réussie !


2006

Le nez est posé, complexe, simplement beau, où quelques notes de caramel assez fugaces cèdent très vite la place à un fruité très pur (mandarine) avec une touche de vanille, la bouche est ample, gras et vivacité se répondent parfaitement, la finale est longue et puissamment minérale.
Une cuvée qui laisse une belle sensation de plénitude, la matière est conséquente mais le terroir calcaire parle fort et bien en apportant tension et salinité.

 


2005

Le nez surprend par une attaque sur des notes assez envahissantes de champignon blanc, par la suite cette sensation peu agréable s’estompe mais l’olfaction reste marquée par des nuances très végétales. La bouche est charpentée avec une belle matière, une acidité puissante, mais les saveurs végétales dominent toujours. La longue finale est un peu plus plaisante avec de fines notes de menthol.
Un vin bizarre qui possède une belle structure mais dont le registre aromatique pose vraiment problème : une déception d’autant plus grande que l’on perçoit facilement les constituants d’un beau vin.


2004

La Suze et d’autres notes vraiment moins avenantes (moisi, serpillière humide) rendent ce nez peu engageant, la bouche possède une belle matière, la finales est intéressante avec des notes de silex et de fumée, mais le milieu de bouche reste irrémédiablement pollué par ce faux goût.
Une nouvelle déception, que la particularité du millésime ne suffit pas à justifier…la bouteille semble vraiment défectueuse…Dommage !


2003


Le nez est intense et gourmand avec de belles notes d’agrumes confits, la bouche est opulente, le gras est très présent, l’acidité très mûre s’installe progressivement et marque une belle finale bien ouverte et fraîche.
Encore un bel exemple d’effet millésime sur un vin, mais là le résultat final est bien plus positif : cette bouteille est quelque peu atypique mais se laisse boire avec un énorme plaisir.


2002

Le nez est discret, d’une grande complexité et d’une race évidente, les registre est floral et minéral (évocations pierreuses, silex), l’attaque en bouche est assez douce mais le gras et l’acidité s’amplifient progressivement. La finale est fraîche et marquée par des notes de silex.
J’aime beaucoup ces cuvées qui prennent le temps de se poser : nous avons ici un bel exemple de vin qui chuchote mais dont le message du terroir est fort et sincère.


2000

Le nez s’ouvre sur des notes de réduction assez fortes, qu’une légère aération dissipera au profit d’une palette complexe évoluant entre arômes floraux et arômes fruités, la bouche offre une impression de plénitude bien équilibrée avec une finale longue et finement saline.
Un vin qui offre au dégustateur l’expression aboutie d’un cru arrivé à maturité et qui se livre avec facilité... Ne boudons pas notre plaisir, buvons !

 


p 041  
Les blancs classés du plus ancien au plus jeune… 

 


Pour conclure :

- Ce fut une série très intéressante à plus d’un titre : j’ai pu participer à une dégustation verticale, exercice que je trouve particulièrement intéressant et formateur, et j’ai découvert une appellation et un domaine dont j’avais beaucoup entendu parler mais dont je n’avais goûté que très peu de vins jusqu’ici.


- Si on excepte les 2 flacons visiblement défectueux, ces Gondonne sont de très beaux vins de terroir qui résistent bien face au temps en interprétant les millésimes avec beaucoup de subtilité.


- Pour les coups de cœur mon choix se porte sur 2 bouteilles : le 2006, plein de vivacité et de fraîcheur et le 2002 qui exprime profondément son terroir. Accessible dans sa jeunesse et très beau à maturité… la signature d’une belle cuvée sans aucun doute !


- Notons enfin que cette Gondonne, proposée dans une luxueuse bouteille, se vend à moins de 11 euros au domaine, ce qui place incontestablement ce cru au rang des excellents rapports Q/P du vignoble bourguignon.


Merci à Lionel pour son accueil et à Stéphane pour les bouteilles.

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Bonjour à tous

Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.

 

Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :

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rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.

 

J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.

Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.

Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.

 

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