Pour cette troisième réunion de l’année 2011 du club AOC nous avons choisi d’associer les 2 thèmes
suivants :
- Thème 1 : à la découverte des vins rouges d’Irancy.
- Thème 2 : les Pouilly Fuissé en approche verticale.
Irancy fait partie des rares appellations françaises dont je n’ai aucun souvenir de dégustation…cette série concoctée par Paul,
l’ami british du club AOC, sera une vraie découverte pour moi.
C’est par son beau-père, souvent en villégiature du côté d’Auxerre, que Paul a découvert les vins de cette région : Irancy
pour les rouges et Chablis pour les blancs.
La série de Pouilly Fuissé a été constituée à partir de 2 références du millésime 2002 qui restaient dans la réserve du
club : ce sera une petite approche verticale de cette appellation de 2002 à 2008.
Les vins de la première série sont servis bouteilles découvertes et 2 par 2, avec 4 cuvées élevées en cuves inox suivies par 3 cuvées élevées en futs de chêne et
une cuvée d’un millésime plus ancien.
Les vins de la deuxième série ont été débouchés 1 heure avant la dégustation et sont servis bouteilles cachées 2 par 2 (sauf le premier), l’appellation est connue
des dégustateurs.
Verres Spiegelau.
Soirée Club AOC du 18 mars 2011 à La Wantzenau
Thème 1 : 8 Irancy rouges pour découvrir une appellation méconnue.
Irancy 2009 – Domaine D. Renaud à Irancy : le nez est intense sur la griotte avec un léger
fumé, la bouche est stricte, l’équilibre est vif, les tanins fermes et la finale assez longue est marquée par une légère amertume.
Un nez très jovial mais une bouche très austère malgré une matière assez concentrée…un vin à oublier en cave quelques années avant
de lui accorder une seconde chance.
Irancy Vieilles Vignes 2007 – Domaine Colinot à Irancy : le nez est fin et élégant
sur la fraise et quelques notes florales, la bouche est légère, la matière est fine et délicatement aromatique, la présence tannique se fait sentir progressivement pour finir par dominer en
finale.
Une cuvée qui commence à se laisser approcher doucement : la palette est charmeuse mais la structure en bouche est encore
relativement virile.
Irancy Côte de Mazelots 2007 – Domaine Colinot à Irancy : le nez est fin, agréable
avec de belles notes de fruits rouges, l’attaque en bouche est assez pointue, le milieu de bouche laisse apparaître une texture plus gourmande et la finale revient sur une sensation de légère
amertume.
Du fruit croquant et une bouche bien complète avec une structure bien complexe : cet Irancy issu de l’un des 3 climats
réputés de cette appellation ne manque pas d’atouts pour séduire.
Irancy Côte de Moutier 2007 – Domaine Colinot à Irancy : le nez est fermé, la feuille
de cassis et un léger fumé se manifestent après une bonne aération, la bouche est vive, tannique avec une finale très sévère.
Même domaine, même millésime que le précédent mais issu de l’un des autres grands terroirs d’Irancy, ce vin se goûte très
difficilement aujourd’hui. La matière semble belle mais l’harmonie n’est pas encore au rendez-vous…A oublier encore quelques années en cave.
Irancy 2007 – Domaine Cantin à Irancy : le nez est complexe, à la fois fruité et floral avec
des notes torréfiées, la présence en bouche est très élégante, on sent une matière épanouie, beaucoup de soyeux, seule la finale vive et légèrement tannique nous ramène dans la ligne des vins
précédents.
Certes la matière semble mûre mais cet élevage remarquablement bien dosé apporte vraiment quelque chose à la structure de ce
vin…un Irancy fringant mais bien en chair qui se déguste avec plaisir.
Irancy Cuvée Emeline 2007 – Domaine Cantin à Irancy : l’élevage très présent avec ses
notes boisées et vanillées masque le fruit et l’épice qu’il faut vraiment aller chercher…, en bouche on sent une matière généreuse et un fruité qui s’affirme davantage, mais l’équilibre reste
quand même très austère avec des tanins très présents, la finale est assez longue.
Le nez est rédhibitoire pour les allergiques à la planche…mais la texture en bouche laisse de l’espoir. Ce vin a besoin de temps
pour maîtriser l’énergie un peu fougueuse de ses éléments constitutifs. Patience…
Irancy Sillage 2007 – Domaine Verret à Irancy : le nez est plaisant et raffiné sur
d’intenses notes de cerise complété par des nuances plus raffinées de violette et d’épices douces, la bouche est charnue, ample et veloutée avec une longue finale fraîche et profondément
aromatique.
Un Irancy diablement séduisant avec une matière mure et généreuse tenue par une solide charpente qu’on devine plus qu’on ne la
sent : un équilibre magistral pour un vin à savourer dès aujourd’hui.
Irancy 2000 – Domaine R. Delaloge à Irancy : la robe est très claire, le nez est fin et subtil avec
des fruits rouges, de la feuille de cassis et une touche d’humus, la bouche est simple mais très bien équilibrée, la finale de longueur moyenne est bien fraîche.
Mis à part la nuance de la robe, rien ne trahit l’âge de cette bouteille : finesse aromatique, silhouette svelte mais
élégante, finale vive et nette…un jeunot vous dis-je !
La série d’Irancy
Pour conclure :
- Situé au sud d’Auxerre et de Chablis ce vignoble entièrement dédié au vin rouge à une longue histoire, même si la
réputation de ses vins à beaucoup de mal à se faire un nom dans la production française. L’habile sélection de Paul nous a permis d’approcher les différents types de vins de cette appellation
classée A.O.C. il y a une dizaine d’années…Thanks a lot !
- Les vins sont issus du cépage pinot noir complété parfois par une faible proportion (10% maximum) de césar, un cépage
énigmatique datant probablement de l’époque romaine. Cette série nous a donné quelques pistes pour comprendre ces vins rustiques et terriens qui cultivent souvent l’art du paradoxe avec des nez
très festifs sur les fruits rouges et une austérité parfois surprenante au palais. J’ai pu déceler une certaine permanence dans la présence en bouche de ces vins : une belle vivacité à
l’attaque, une rondeur charmeuse en milieu et une présence tannique très virile en finale.
Il est évident que ces crus n’ont pas vraiment un profil destiné à faciliter une dégustation, par contre on imagine très
facilement la belle présence de ces vins à table, en compagnie de mets simples et goûtus…miam !
- Pour ce qui est du coup de cœur personnel aucune hésitation : l’irrésistible gourmandise de la cuvée Sillage 2007
m’a véritablement bluffé…et je n’étais pas le seul ! Pour les accessits : Irancy 2007 de Cantin pour son élégance et Irancy 2000 de Verret parce que les « vieux » qui se
tiennent bien m’émeuvent toujours un peu…
Thème 2 : voyage dans le temps avec quelques Pouilly Fuissé.
Mâcon Villages Terroirs du Mâconnais 2008 – Bret Brothers à Vinzelles : le nez est flatteur et
bien ouvert avec des arômes de fleurs, de raisin frais et de vanille, la présence fruitée très mûre domine la bouche en lui conférant une rondeur agréable, la minéralité se manifeste en finale
avec une pointe de fraîcheur et des notes de craie humide.
Cette nouvelle cuvée des frères Bret est issue d’un assemblage de raisins provenant de différents terroirs du Mâconnais. Placé en
tête de série pour en guise d’introduction ce vin qui associe une belle trame minérale et un fruit charmeur a immédiatement séduit la plupart des membres de l’assemblée.
Pouilly Fuissé La Roche 2007 – Bret Brothers à Vinzelles : le nez s’ouvre sur des
notes de poudre à canon avant de laisser la place à un fruit discret mais pur, la bouche est vive, sur le citron et la craie avec une structure tendue et une longue minéralité.
Resté longtemps dans l’ombre du vin précédent bien plus expressif, ce Pouilly Fuissé réservé, presque secret, est issu de l’un des
terroirs les plus réputés de Vergisson. Solidement assis sur sa charpente minérale, ce vin pur et profond s’est livré avec timidité dans nos verres ce soir. A oublier encore un peu en
cave…
Pouilly Fuissé Réserve du Domaine 2006 – Domaine Mathias à Chaintré : le nez est
plaisant avec de discrets arômes de fruits jaunes et d’amande, la bouche est d’une rondeur avenante mais manque un peu de structure.
Issu de coteaux orientés sud sur Chaintré ce vin facile d’accès souffre d’un manque de profondeur et de structure…on est en droit
d’attendre un peu plus d’un Pouilly Fuissé !
Pouilly Fuissé Cep Eternel 2005 – La Source des Fées à Fuissé : le nez s’ouvre sur
d’étranges notes de pomme de terre, suivies par des arômes plus agréables de fruits secs (amande, noisette), la bouche légèrement miellée possède une structure très fluctuante, ondulante, avec
une finale assez longue mais marquée par l’oxydation (noix).
La matière encore assez riche n’est plus tenue par l’acidité…pourtant ce vin issu de parcelles de vieilles vignes de plus de 60
ans sur Fuissé avait obtenu un « coup de cœur Hachette » en son temps…Cette oxydation prématurée est peut-être due à un problème de bouteille. Dommage !
Pouilly Fuissé Excellence 2003 – Larochette-Manciat à Chaintré : le nez est discret
et très élégant avec des notes florales et légèrement épicées, la bouche est riche et opulente, le fruité très mur est complété par une touche de miel, la finale est très longue.
Issu d’une sélection des meilleures barriques de la cuvée « Vieilles Vignes » du domaine ce vin puissant et généreux,
très marqué par l’élevage dans sa jeunesse, a trouvé sa vitesse de croisière aujourd’hui : un Pouilly Fuissé gourmand avec une structure minérale très discrète mais qui tient solidement
l’ensemble. C’est un vin d’âge mûr mais qui a encore de la ressource.
Pouilly Fuissé Terroir de Vergisson 2002 – Domaine O. Merlin à La Roche Vineuse : le
nez est complexe et très charmeur avec des arômes très pâtissiers, de beurre, de citron confit et de noisette, en bouche la matière est ample avec beaucoup de gras et une minéralité qui se pose
tranquillement mais qui tient remarquablement la finale longue et salivante.
Ce Pouilly Fuissé pur avec un caractère minéral assez discret assume sa personnalité bien épanouie…un beau vin arrivé à
maturité !
Pouilly Fuissé Alliance Vergisson 2002 – Domaine Barraud à Vergisson : le nez est
complexe et raffiné avec des notes de fleurs et de pierre à fusil, la bouche est splendide, dense et riche et dotée d’une structure puissante étayée par une minéralité longue et
vibrante.
Issu d’un assemblage de 4 parcelles de vignes quarantenaires sur Vergisson ce Pouilly Fuissé termine la série en apothéose en
donnant une idée de ce que l’appellation peut produire de plus grand…Un vin magnifique !
Un joli Mâcon villages et une petite verticale de Pouilly Fuissé : la série 2 au complet.
Pour conclure :
- face à la grande complexité du terroir de Pouilly Fuissé où des recherches pédologiques ont permis de réaliser une carte
qui identifie 112 types de sols différents, notre modeste série ne peut être considérée que comme une approche très partielle de cette appellation. La compréhension des vins produits dans cette
région demandera bien évidemment quelques autres séances sur ce thème.
- j’ai découvert cette appellation dans les années 80 grâce à une collègue professeur d’E.P.S. dont une copine de
promotion avait épousé un vigneron de Fuissé (domaine Besson). Depuis lors ces vins ont toujours gardé une place réservée sur les rayonnages de ma cave. Plus accessibles mais parfois aussi
distingués que leurs prestigieux concurrents de la Côte de Beaune ils offrent une alternative intéressante pour celui qui veut compléter sa collection de grands vins blancs avec des crus qui
mettent un peu moins longtemps pour arriver à pleine maturité. Si on excepte le 2005 qui avait visiblement basculé, les vins de cette série se sont présentés à nous de façon très agréable et se
sont laissé boire avec facilité...des vins plaisir tout simplement !
- pour les coups de cœur personnels je retiendrai 2 bouteilles : si Alliance Vergisson 2002 du domaine Barraud
s’impose tout naturellement pour la perfection de son équilibre après plus de 8 années de garde, Excellence 2003 du domaine Larochette-Manciat constitue un choix plus personnel. Ayant connu cette
cuvée dans les excès de sa jeunesse (matière très concentrée et boisé très présent) j’ai été étonné et séduit par sa plénitude actuelle…un vin riche et harmonieux. Comme quoi, avec le
temps…parfois…