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30 décembre 2012 7 30 /12 /décembre /2012 09:28

Parti de Strasbourg vers 5 heures du matin sous la pluie, je suis absolument ravi de me retrouver au pied du Mont Brouilly éclairé par un beau soleil automnal pour commencer mon nouveau périple dans le vignoble de la Bourgogne et du Beaujolais.
Le programme 2012 ne comporte pas de nouvelles adresses puisqu’il va me conduire chez des vignerons que j’ai eu l’occasion de rencontrer durant ces dernières années et que j’avais vraiment envie de revoir une fois de plus.
La première journée sera très « rouge » et exclusivement beaujolaise avec des visites au Château Thivin à Odenas, au domaine Burgaud à Morgon, au domaine de la Grande Cour à Fleurie et au domaine Janin à Romanèche.
La seconde journée sera plus bouguignonne et presque exclusivement « blanche » avec une étape chez les Brothers de Vinzelles et une autre à Meursault au domaine Buisson-Charles.
Hoppla, c’est parti !

 

  Beaujolais-2012 0232

Vue panoramique sur Fleurie du haut de la Côte du Py…toute la magie des paysages du beaujolais

 

 

Jour 2. : visite au domaine Buisson-Charles à Meursault


L’ultime étape avant mon retour dans le grand nord alsacien ne correspond plus vraiment au thème initial de mon périple : j’ai bien conscience que le fait d’inclure une visite à Meursault dans circuit baptisé « pèlerinage en Beaujolais » me fera passer pour un inculte aux yeux de tout œnophile…et peut-être même pour un provocateur aux yeux de certains murisaltiens (Zut ! Il va falloir que je maquille ma vieille Renault pour ne pas me faire caillasser lors de mon prochain séjour dans la région).
Qu’à cela ne tienne, pour passer quelques moments au domaine Buisson-Charles, je suis prêt à prendre tous les risques…d’autant plus que cette année, et pour la première fois, j’ai le plaisir d’être accueilli par Catherine et Patrick Essa.

Après une discussion passionnée sur l’évolution de DC et sur nos manières respectives d’aimer le vin, Patrick évoque la difficulté de ce millésime 2012 : comme partout en Bourgogne, le travail acharné à la vigne a permis de sortir des jus de qualité mais les rendements ont été calamiteux « nous avons réalisé un tiers de notre récolte habituelle »…Aïe !!!
Fort heureusement, il y a eu plus de vin en 2011, mais Catherine reste vigilante « Il va falloir gérer sévèrement le stock pour ne pas refuser trop souvent du vin à notre clientèle ». A bon entendeur...

Bon, mine de rien, l’heure avance et il me reste encore plus de 3 heures de route à faire ce soir…il faut passer aux choses sérieuses !
Nous commençons par un tour complet sur le millésime 2011, dont la plupart des vins ne sont pas encore en bouteilles : après un élevage traditionnel en pièces bourguignonnes les différents crus sont assemblés et mis en cuves pour un séjour de quelques mois durant lequel les matières s’affinent, s’harmonisent et se stabilisent.

Aligoté: le nez est discret mais bien complexe avec des notes de fleurs, une touche de menthe fraîche et une présence minérale déjà sensible, la bouche séduit par sa belle matière ample, vive et tendue.
Aligoté 2010 : le nez est pur et cristallin sur les fruits blancs, la présence en bouche est un peu plus raffinée, assez souple à l’attaque, la matière déploie une belle charpente avec une acidité bien large et une finale rafraîchie par quelques amers nobles.

Beaujolais-2012 0271

 

Issu d’une parcelle de vieilles vignes sur le finage de Meursault cet Aligoté élevé à 100% en cuve me surprend chaque année par sa personnalité complexe et distinguée qui le rend presque atypique.

Le 2011 commence à se mettre en place mais montre déjà un équilibre proche de la perfection et le 2010, vif et sapide entame sa phase de plénitude.
D’après ma théorie sur les cuvées d’entrée de gamme, je n’aurais pas besoin d’aller plus loin dans cette dégustation : quand on réussit un « petit vin » de ce tonneau là, il n’y a pas d’inquiétude à se faire sur la qualité des bouteilles plus prestigieuses de la gamme…Mais bon, Patrick est déjà reparti chercher d’autre bouteilles, je vais peut-être me laisser tenter quand même !
 
Bourgogne blanc : le nez est très engageant avec des notes de fruits blancs et de fleurs, la bouche est précise et pointue mais très équilibrée, la finale bien tendue possède une jolie longueur aromatique.
Pour pouvoir proposer un chardonnay d’entrée de gamme entre l’Aligoté et les crus de Meursault, le domaine Buisson-Charles a acquis cette parcelle sous le lieu-dit « Les Limozins ». Elevée pour moitié en cuve et pour moitié en fûts cette cuvée finement aromatique et d’une fraîcheur guillerette est une vraie réussite. Bravo !

Meursault Vieilles Vignes : le nez est élégant et complexe sur les fruits blancs et la pierre, en bouche l’attaque est bien vive et la matière possède un toucher très grenu et une acidité mûre et profonde, la finale est vive et finement mentholée.
Issus d’un assemblage de 6 parcelles de vieilles vignes (45 à 90 ans) dont la plus grande (Les Pellans) se situe près du ban de Puligny, ce vin élégant, précis et bien concentré nous emmène immédiatement vers l’incomparable esthétique des crus murisaltiens…vivement la suite !

 
Meursault Tessons : le nez fin et délicat avec de discrètes notes d’amande et de fleurs, en bouche la matière est ample avec une acidité franche et bien mûre qui donne un côté très caressant au toucher, la finale est pure et précise.
Malgré une olfaction encore un peu timide ce Tessons charme son monde avec beaucoup d’aisance grâce à son côté immédiat et flatteur en bouche, qui nous ferait presque oublier qu’il est aussi, et peut-être surtout, un vin de garde…MIAM !

Meursault 1° Cru Les Cras : le nez est très raffiné avec des notes de noisette fraîche et de fleurs, la bouche se situe dans une belle continuité avec la une silhouette élégante, un peu ovale mais tendue par une acidité puissante qui soutient une finale de toute beauté.
Issu d’une parcelle de vignes presque sexagénaire, ce vin exprime avec beaucoup de noblesse la richesse du millésime et la force minérale de son terroir. Comme pour Tessons, le côté avenant de ce 1° Cru ne doit pas occulter le fait qu’il faudra tout de même le laisser se reposer un peu en cave pour lui donner la possibilité de s’exprimer pleinement.

Meursault 1° Cru Charmes : le nez est racé et complexe sur la mie de pain, les fruits blancs et une fine touche minérale, la bouche est riche, puissante mais structurée par une acidité immédiate et très verticale, la finale est longue, sapide et accompagnée de subtiles notes pierreuses.
Ce 1° Cru né dans le secteur haut de ce vaste climat murisaltien affirme une personnalité bien marquée sur ce millésime : dense, plein et solidement tendu, notre Charmes ne porte pas encore très bien son nom, mais possède le potentiel d’un très grand vin…Patience !

Meursault 1° Cru Bouches-Chères : le nez est délicat, la palette très noble livre de belles notes de fruits blancs et de vanille, en bouche on perçoit une matière suave et une acidité mure et puissante qui construisent un équilibre parfait, la finale est déjà bien en place longue, fraîche…très aérienne.
Magnifique de précision et d’élégance, Bouches-Chères 2011 se livre avec une grande franchise et une gourmandise vraiment irrésistible...un vin somptueux, impossible à recracher !

Meursault 1° Cru Goutte d’Or : le nez discret et raffiné évoque la pureté cristalline d’une eau de roche, la bouche est particulièrement puissante avec un fruité et une minéralité qui s’imposent progressivement, la finale très longue laisse persister un sillage aromatique très complexe, fruits blancs, amandes, minéralité…
Il fallait un certain aplomb pour succéder sans faillir à cet exceptionnel trio de 1° Crus, mais ce Goutte d’Or est absolument incomparable…les quelques rangs de vigne que le domaine possède sur ce climat ont produit en 2011 un vin majuscule qui se situe largement au niveau d’un Grand Cru de la Côte de Beaune.

Nous enchainons avec 2 cuvées négoce du millésime 2011 :

Corton Charlemagne : le nez est discret avec une palette très classieuse alliant des nuances fruitées, minérales et finement vanillées, la bouche large et sphérique développe de belles notes d’agrumes frais, la finale est franche et bien minérale quoique un peu moins longue que celle du vin précédent.
Cette première rencontre avec un vin de la jeune gamme négoce du domaine est tout à fait réussie : issu du secteur très qualitatif « En Charlemagne » ce Grand Cru tient son rang avec une grande aisance. Très beau vin !

Chassagne Montrachet 1°Cru En Remilly : le nez vif et frais livre d’intenses arômes de citron et de fruits exotiques, la bouche met en présence une acidité incisive et longue et un jus très généreux, mais ces éléments constitutifs très nobles n’ont pas encore établi de réel dialogue entre eux.
Issu d’un climat 1°Cru situé au dessus du coteau du Montrachet, ce Chassagne est, à mon sens, le moins prêt à boire de tous les vins goûtés jusque là : la structure acide et la matière sont de très belle facture mais ils ne se parlent pas encore…Patience !

Suite à la discussion sur ce dernier vin, Patrick part faire un tour dans la réserve pour me proposer la dégustation de la même référence sur le millésime précédent :

Chassagne Montrachet 1°Cru En Remilly 2010 : le nez très engageant s’ouvre sur les amandes fraîches et les épices douces avant de délivrer son message fruité, la bouche est pleine, sphérique, la matière très onctueuse et la tension bien présente créent un équilibre d’une harmonie absolue.
Après un an de bouteille, le petit nouveau de la gamme Buisson-Charles montre qu’il mérite amplement sa place sur la carte du domaine…Magnifique tout simplement !

  Beaujolais-2012 0285

  Meursault 1°Cru Goutte d’Or 2010 : pureté, précision, verticalité, longueur majuscule…époustouflant !
Il y a des vins qui laissent sans voix…et qui ne donnent pas envie de faire des phrases.

Si je m’étais laissé aller je n’aurais utilisé que des onomatopées comme : MMMMMMMMMMMMHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!

  Beaujolais-2012 0383

Pour mettre le point final à cette longue dégustation, Patrick m’invite à goûter une dernière bouteille…et pourquoi pas un rouge !

Volnay 1°Cru Santenots 2011 : le nez est pur et fruité sur la cerise rouge, la bouche est très gourmande avec une matière généreuse mais élégante soutenue par une fine trame tannique.
Avec un fruit qui croque sous la dent et une texture qui flatte le palais on sent une matière bien mûre et un élevage parfaitement intégré qui complexifie la structure sans marquer la palette aromatique…Très séduisant, malgré son jeune âge…MIAM !


Après cette longue série, nous partons un petit tour sous terre pour visiter les caves du domaine après la grande opération de toilettage de 2011 :

 

  Beaujolais-2012 0263
Les voûtes de la cave Buisson-Charles…magnifiques, non !

Beaujolais-2012 0257L’accès vers la vinothèque du domaine.

Beaujolais-2012 0262Si je ne me trompe pas c’est Goutte d’Or 57…

Ma dernière tournée d’œnophile de 2012, loin de mes bases alsaciennes, se termine en beauté par cette visite rue de la Velle à Meursault. Pour la première fois j’ai pu m’entretenir sans trop de pression temporelle avec Patrick et son épouse et je dois avouer que j’ai particulièrement apprécié cette rencontre.
Nous avons constaté que nous avions une réelle convergence de vue sur bien des aspects de cet univers vinique qui nous passionne.

Pour les vins du domaine, Patrick revendique clairement une recherche de précision, de pureté et de droiture. Cette esthétique particulière qui a commencé à signer les cuvées 2010 se retrouve avec évidence sur les vins de 2011 : on y sent des matières assez riches mais les structures sont très élancées et tendues par des acidités magnifiquement définies.
La nouvelle cuvée de Bourgogne apporte une jolie transition entre un Aligoté toujours aussi qualitatif et les Crus de Meursault simplement magnifiques…ne me demandez pas de Coup de Cœur, le choix est impossible !
N’oublions pas, les deux vins de 2010 qui m’ont mis deux claques magistrales : un Chassagne En Remilly concentré et déjà très gourmand et un Meursault Goutte d’Or qui est rentré immédiatement dans mon top-ten personnel des plus grands vins rencontrés cette année.

Merci à Catherine et à Patrick pour leur accueil…et à l’année prochaine ! 


Beaujolais-2012 0258  

Une petite dernière pour la route...

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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 13:13

Parti de Strasbourg vers 5 heures du matin sous la pluie, je suis absolument ravi de me retrouver au pied du Mont Brouilly éclairé par un beau soleil automnal pour commencer mon nouveau périple dans le vignoble de la Bourgogne et du Beaujolais.
Le programme 2012 ne comporte pas de nouvelles adresses puisqu’il va me conduire chez des vignerons que j’ai eu l’occasion de rencontrer durant ces dernières années et que j’avais vraiment envie de revoir une fois de plus.
La première journée sera très « rouge » et exclusivement beaujolaise avec des visites au Château Thivin à Odenas, au domaine Burgaud à Morgon, au domaine de la Grande Cour à Fleurie et au domaine Janin à Romanèche.
La seconde journée sera plus bouguignonne et presque exclusivement « blanche » avec une étape chez les Brothers de Vinzelles et une autre à Meursault au domaine Buisson-Charles.
Hoppla, c’est parti !

 

  Beaujolais-2012 0232

Vue panoramique sur Fleurie du haut de la Côte du Py…toute la magie des paysages du beaujolais

 

 

Jour 2. : visite au domaine de la Soufrandière à Vinzelles


La première étape de cette deuxième journée me fait remonter un peu vers le nord, à quelques kilomètres de Mâcon, pour une nouvelle visite chez les 3 Brothers de Vinzelles.
Le grand chantier de la Soufrandière est pratiquement terminé et ce matin il n’y a plus que deux ouvriers qui travaillent pour finir les abords du domaine en aménageant des places de parking devant l’entrée du chai.

 

Beaujolais-2012 0246L’entrée du chai devant les bâtiments de la Soufrandière


Comme souvent, c’est Jean-Philippe Bret qui me reçoit pour me communiquer les dernières nouvelles  de la Soufrandière :
- en premier lieu, nous parlons du millésime 2012 : avec un rendement moyen de 45 hl/ha sur le domaine ce trio de vigneron a réussi une véritable performance. « Mais le travail à la vigne fut colossal » : la pression du mildiou et la pluie qui lessivait les traitements les ont obligés à multiplier leurs interventions. Un effeuillage sélectif à la main sur de nombreuses parcelles a également demandé beaucoup de temps et d’énergie mais s’est montré payant au bout du compte.
- pour notre second sujet, nous parlons des nouvelles pratiques de vinification et d’élevage mises en œuvre au domaine : l’idée du pressoir vertical, évoquée l’année passée a été abandonnée mais sur les vins de 2012 ces vignerons ont expérimenté le passage de la vendange dans un fouloir avant le pressurage « pour favoriser l’extraction des polyphénols ». Rendue possible avec la nouvelle cave, la pratique des élevages plus longs s’est étendue a quelques cuvées supplémentaires sur ce millésime « avec un passage en cuve de 6 mois sur quelques lies fines, nous pouvons limiter voire même supprimer les filtrations ».
- bien sûr, avant d’aborder la dégustation je n’ai pas pu m’empêcher d’évoquer la future carrière de stars du 7° art des frères Bret après leur prestation remarquée dans le film « La clé des terroirs » : Jean-Philippe m’a raconté la genèse de cette œuvre cinématographique très militante créée par un jeune passionné de vin et de cinéma qui a travaillé à la Soufrandière.

 

 

Mais trêve de bavardages, l’heure de l’apéritif approche, il faut passer aux choses sérieuses : direction le chai, pour déguster quelques références du millésime 2011, parmi les fûts de chêne où séjournent les vins de 2012.

 

Beaujolais-2012 0247

D’un côté, des barriques contenant une partie de la récolte 2012…
 
Beaujolais-2012 0252…de l’autre côté, une impressionnante série de bouteilles qui attendent le dégustateur.

 

Mâcon Chardonnay 2011 : le fruité est mûr et finement exotique, en bouche la matière est particulièrement avenante avec un équilibre riche et gourmand et une finale pointue finement citronnée.
Cette vigne située sur le village de Chardonnay (d’où le nom de la cuvée…moi qui croyais que les frères se mettaient à l’heure alsacienne en mentionnant le cépage !) est travaillée en viticulture bio depuis 3 ans et le vin qui en est issu séduit sans réserve par son équilibre et sa suavité…ça commence très fort !

 

Mâcon Chardonnay La Roche 2011 : le nez est plus réservé, encore un peu marqué par l’élevage, mais l’oxygénation révèle de belles notes de craie et un fruité frais, la bouche est ample, généreuse et finement tendue, la finale est joliment citronnée et légèrement épicée.
Orientée au sud et très caillouteuse cette parcelle en conversion bio pour la 3° année a permis aux frères Bret de nous régaler avec cette cuvée élevée en demi-muids : équilibré et déjà très gourmand ce Mâcon-Villages possède une densité qu’on ne trouve que très rarement sur ce type d’appellation.

Mâcon Cruzille 2011 : le nez est fin et délicat avec des notes de pamplemousse et de vanille, la bouche allie le gras et la droiture avec beaucoup d’élégance, la minéralité se révèle progressivement en finale.
Elevée en demi-muids et en barriques cette cuvée issue d’une parcelle argilo-calcaire de vieilles vignes travaillée en bio séduit par sa pureté et sa profondeur mais recèle un vrai potentiel d’évolution…après un Mâcon étonnant de densité voilà le Mâcon vin de garde !

Mâcon Cruzille Clos des Vignes du Mayne 2011 : le nez est discret avec de beaux arômes citronnés et une petite touche de menthe, la bouche est bien droite, solidement tendue par une belle acidité, la finale est vive et finement aromatique.
Issue d’une vigne travaillée en bio depuis de longues années cette cuvée très confidentielle (3 tonneaux en 2011) est élevée à 100% en barriques et représente une forme de perfection dans l’expression du terroir de Cruzille. D’un abord avenant dans sa prime jeunesse, ce vin fait presque oublier qu’il est également et peut-être avant tout un vin de garde.

Viré Clessé La Verchère 2011 : le nez est encore bien fermé, légèrement floral et très minéral, en bouche la structure est ample mais très tendue et la finale possède une salinité intense.
Issue d’une parcelle située dans le secteur nord de Viré, exposée à l’est, pentue mais avec des sols assez profonds riches en oxyde de fer, cette cuvée est également labellisée bio. Ce 2011 encore bien jeune révèle un équilibre tonique et une profonde marque minérale…un grand vin de terroir en devenir.

Saint Véran En Combe 2011 : le nez est pur et discrètement citronné, la bouche est vive avec une structure élégante et longiligne et une finale finement acidulée.
Issu d’une parcelle très calcaire et particulièrement riche en oxyde de fer située sur la commune de Chasselas, ce Saint Véran montre encore beaucoup de retenue aujourd’hui mais possède une matière qui lui garantit une belle évolution dans le temps.

Saint Véran La Côte Rôtie 2011 : le nez est très fin sur les agrumes et l’amande fraîche, la bouche est généreuse avec une structure sphérique et une finale longue soutenue par une solide minéralité.
Comme l’annonce le nom de la cuvée, cette parcelle située a Davayé près de la roche de Vergisson possède un climat très solaire avec sa forte pente, son exposition plein sud et son sol calcaire. Le vin qui y naît séduit par sa richesse posée sur un fond minéral très solide qui lui donne un côté immédiat très charmeur…mais ne nous trompons pas, sa belle matière et son équilibre le destinent à être gardé quelques années en cave.

Pouilly Loché La Colonge 2011 : le nez est citronné et finement mentholé, la bouche est ample et droite avec une vivacité bien marquée, la finale est très fraîche et finement minérale.
Située sur la plus petite appellation du mâconnais, cette parcelle limono-argilo-calcaire de mi-coteau exposée à l’est, a produit un vin sérieux et minéral qui commence à peine à se livrer aujourd’hui mais qui montre le potentiel, peut-être encore sous-estimé, de ce terroir.

Face à la série de bouteilles qui m’attend encore, je prends la précaution de rappeler à Jean-Philippe que je reste un dégustateur amateur qui fatigue après une quinzaine de vins...un choix s’impose !

 

Beaujolais-2012 0249

Jean-Philippe en train de sélectionner les bouteilles qui finiront notre série.

 

 

Pour la suite de la dégustation nous quittons la série des cuvées Bret Brothers pour taster quelques vins produits sur la Soufrandière :

Mâcon Vinzelles Le Clos de Grand Père 2011 : le nez est fin et délicat avec un fruité très discret et quelques notes de noisette, la bouche est très suave avec un toucher onctueux et une finale qui revient sur plus de fraîcheur..
Cette cuvée élevée majoritairement en cuve (90%) et provenant d’une parcelle calcaire située au pied des vignes où naît le Pouilly Vinzelles est toujours aussi gourmande : son expression fruitée est encore sur la réserve mais la caresse de sa texture en bouche est déjà un vrai plaisir.

Pouilly Vinzelles 2011 : le nez est pur et plus complexe sur les agrumes frais avec une pointe minérale déjà bien dessinée, la bouche riche et détendue avec une belle fraîcheur qui s’affirme progressivement, la finale révèle une petite touche mentholée et une fine trame minérale.
La production des jeunes vignes (40 à 45 ans quand même) du climat des Quarts est isolée dans cette cuvée élevée pour 70% en cuves et 30% en fûts. Millésime après millésime ce Pouilly Vinzelles s’inscrit dans ma sélection coup de cœur du domaine : fruité, frais, glissant et parfaitement équilibré…en un mot, irrésistible !

 

Beaujolais-2012 0286


Par la suite, Jean Philippe m’invite à découvrir la série de vins de 2011 qui bénéficient d’un élevage plus long et séjournent encore en cuves sur lies fines :

Pouilly Fuissé En Carementrant 2011 : le nez est fin et discret sur le beurre frais et l’amande, la bouche présente déjà une personnalité tout à fait charmante avec une structure très sphérique et une finale ciselée avec précision et longuement aromatique.
Issu d’une parcelle de vieilles vignes exposées au sud et située sous la roche de Vergisson ce Pouilly Fuissé révèle pour l’heure une personnalité très  murisaltienne : équilibre parfait, raffinement dans l’expression aromatique et texture très veloutée…une superbe cuvée !

Pouilly Fuissé La Roche 2011 : le nez est vif et pointu avec des notes de citron et de pierre chaude, la bouche est droite mais très volumineuse avec une richesse minérale déjà bien présente.
Comme sur 2010, cette cuvée issue d’une vigne sur le côté est de la roche de Vergisson se différencie fortement de la précédente : ample, tendu et d’une énorme concentration minérale, c’est incontestablement l’un des grands vins de garde de la gamme des Brothers…

Pouilly Vinzelles Les Longeays 2011 : le nez est très raffiné sur le fruit mûr et la noisette torréfiée, la bouche se montre avec beaucoup d’aplomb avec sa structure ample et sa profonde minéralité qui tend longuement la finale.
Sur ce coteau en pente douce exposé est-sud/est, la vigne se porte à merveille : « après 12 ans de travail en bio les sols sont parfaits, ils ont trouvé leur équilibre et fonctionnent en symbiose parfaite avec la plante ».
Riche en argiles, en oxyde de fer et en manganèse ce terroir situé à côté des Quarts produit chaque année un vin très complet qui étonne par son côté ouvert et avenant…surtout lorsqu’on le compare à ses illustres voisins des Quarts…


Beaujolais-2012 0256Les Longeays

 


Pouilly Vinzelles Les Quarts 2011 : le nez est pur mais très réservé, en bouche le volume est impressionnant – on a l’impression d’une sphère en expansion – la texture est magnifique et l’équilibre, d’une précision d’orfèvre nous donne une impression de plénitude absolue.
Ce Pouilly Vinzelles encore timide dans son expression aromatique est simplement parfait en bouche…une fois de plus le terroir emblématique de la Soufrandière a généré un vin qui frise la perfection…ou qui l’a peut-être atteinte !

 

Beaujolais-2012 0255Les Quarts
 

Pouilly Vinzelles Les Quarts-Cuvée Millerandée 2011 : le nez encore très fermé porte une discrète marque boisée, la bouche est très puissante avec une matière opulente et une acidité mûre et très large qui structure l’ensemble, la finale est longue, tendue et profondément minérale.
Les très vieilles vignes (plus de 80 ans) des Quarts qui ont une tendance au millerandage sont à l’origine de cette cuvée d’exception où ce terroir béni de Vinzelles est porté à un degré d’expressivité particulièrement élevé : encore tout en retenue mais avec une densité et une force rares…un grand vin de garde évidemment !

Pouilly Vinzelles Cuvée X-Taste 2009 : le nez est ouvert et bien défini sur le miel et le raisin mûr avec une touche botrytisée très nette, la bouche est complexe et expressive avec de beaux arômes de pâte de coing, de camphre et d’épices douces, la finale est longue mais bien fraîche.
Cette cuvée toujours encore en fûts est issue d’une vendange tardive sur le coteau des Quarts. Atypique pour cette région, X-Taste possède une personnalité dont les traits commencent à peine à se préciser mais qui séduit par son équilibre très digeste…joli !

 


Avec la réussite de ce millésime de tous les dangers que fut 2012, les frères Bret ont pu constater que leurs choix méthodologiques et leur travail à la vigne ont largement porté leurs fruits. Ces fervents défenseurs d’une viticulture qui  respecte la vie des sols et qui préserve les écosystèmes autour de la vigne ont été récompensés par une récolte hautement qualitative et satisfaisante au niveau quantitatif…Leurs parcelles sur la Soufrandière sont arrivées aujourd’hui à un équilibre idéal dans la relation plante/terroir et les vignes labellisées Bret Brothers conduites dans le même esprit sont en bonne voie pour leur ressembler.

Les vins de 2011 sont assez volumineux mais avec des structures acides précises et longues et de profondes marques minérales qui leur donnent un équilibre gourmand mais très tonique.
Dans cette gamme riche et diversifiée, chaque amateur de vin pourra aisément trouver son bonheur : entre les entrées de gamme splendides comme les deux cuvées de Mâcon Chardonnay et les grands vins encore en cours d’élevage qui semblent encore avoir gagné en précision et en pureté, il n’aura que l’embarras du choix pour remplir sa cave.

Si vous voulez découvrir de plus près le travail de ces vignerons, n’hésitez pas à visionner le DVD « La clé des terroirs ».

 

 Beaujolais-2012 0342

Merci à Jean-Philippe pour son accueil…et à l’année prochaine.

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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 18:00

Parti de Strasbourg vers 5 heures du matin sous la pluie, je suis absolument ravi de me retrouver au pied du Mont Brouilly éclairé par un beau soleil automnal pour commencer mon nouveau périple dans le vignoble de la Bourgogne et du Beaujolais.
Le programme 2012 ne comporte pas de nouvelles adresses puisqu’il va me conduire chez des vignerons que j’ai eu l’occasion de rencontrer durant ces dernières années et que j’avais vraiment envie de revoir une fois de plus.
La première journée sera très « rouge » et exclusivement beaujolaise avec des visites au Château Thivin à Odenas, au domaine Burgaud à Morgon, au domaine de la Grande Cour à Fleurie et au domaine Janin à Romanèche.
La seconde journée sera plus bouguignonne et presque exclusivement « blanche » avec une étape chez les Brothers de Vinzelles et une autre à Meursault au domaine Buisson-Charles.
Hoppla, c’est parti !

 

  Beaujolais-2012 0232

Vue panoramique sur Fleurie du haut de la Côte du Py…toute la magie des paysages du beaujolais

 

 

 

Jour 1. : visite au domaine Janin à Romanèche


Ma dernière visite de cette longue journée m’emmène à Romanèche au domaine Paul Janin et fils. En 2010, j’avais été très heureux de retrouver les vins de ces producteurs après un break de plusieurs années et j’avais constaté avec bonheur que j’étais toujours aussi réceptif au charme de leurs 2 cuvées de Moulin à Vent et de leur surprenant Beaujolais Villages.
Eric Janin, qui est en charge de l’exploitation à l’heure actuelle, est en train de procéder au nettoyage minutieux du matériel de vinification, c’est donc Paul Janin, toujours présent aux côtés de son fils, qui m’accompagne dans le chai pour me présenter les vins du domaine.

Comme chez Jean-Marc Burgaud, la température ambiante dans le caveau habituel n’étant pas assez accueillante c’est dans un espace dégustation réduit que je passe en revue quelques vins qui se trouvent au tarif actuel du domaine Janin :

 

Beaujolais-2012 0243

 


Beaujolais Villages Cuvée des Jumeaux 2011 : le nez est fin et délicat sur un registre très floral, la bouche très gourmande repose sur une base bien structurée, l’aromatique gagne encore un peu en subtilité et persiste longuement en finale.

Beaujolais-2012 0266

 

Les Jumeaux et les Pelloux sont des parcelles assez argileuses et à maturité tardive (« elles sont toujours vendangées en dernier ») qui permettent aux Janin de produire chaque année un Beaujolais Village d’une densité et d’une complexité peu communes dans cette appellation. En 2011 ces vieilles vignes (60 ans) ont eu un rendement particulièrement faible (un peu plus de 40 hl/ha) mais le résultat final est superbe…largement au niveau d’un cru du Beaujolais. MIAM !

 

Beaujolais-2012 0240La cour du domaine Janin avec la vigne des Jumeaux au bout de l’allée.


Moulin à Vent Domaine des Vignes du Tremblay 2011 : le nez révèle un fruité bien mûr sur un fond déjà très minéral (terre humide, graphite), la bouche est ample, concentrée et dotée d’une trame tannique présente mais très mûre.


Beaujolais-2012 0280

 

Issue de plusieurs parcelles sablo-limoneuses ce premier Moulin à Vent de la gamme est élevé durant 8 mois en foudres. Très avenant dans sa prime jeunesse, ce vin possède une matière dont la profondeur et la complexité ne trompent pas…on entre dans le monde des grandes cuvées beaujolaises.


Moulin à Vent Clos du Tremblay 2011 : le nez est doux et suave sur la prune, l’iris et la violette, la bouche présente une matière riche et onctueuse avec une aromatique qui se complexifie pour laisser persister un sillage minéral de grande classe

 

Beaujolais-2012 0279

 

Les très vieilles vignes (70 à 100 ans) du lieu-dit « Le Tremblay » aujourd’hui rebaptisé « Les Burdelines » sont à l’origine de cette remarquable cuvée élevée durant 10 mois en foudres. Ce terroir sablo-limoneux produit avec régularité le vin du Clos qui constitue à juste titre une des références qualitatives absolues sur l’appellation Moulin à vent...Bravo !


Moulin à Vent Clos du Tremblay 2008 : le nez est très complexe, floral, épicé et légèrement cacaoté, il a un côté flatteur tout en restant très raffiné, en bouche après une attaque assez pointue, la matière large et généreuse s’épanouit voluptueusement, la finale révèle la fine trams tannique et quelques notes de chocolat noir.
Après 3 années de garde ce vin issu d’un millésime plus frais, a néanmoins gardé le caractère doux et charmeur que j’apprécie particulièrement dans la production de ce domaine. Avec l’âge, l’ensemble a gagné en complexité, tant dans l’aromatique qu’au niveau de la présence en bouche…mais il me semble cependant que l’apogée n’est pas encore atteinte.

 

Beaujolais-2012 0242

Une partie de la cave à foudres du domaine Janin.
 

 

Avec cette étape au domaine Janin, ma longue journée beaujolaise se termine par la dégustation d’une petite série de vins complets et racés. La gamme complète du domaine compte deux cuvées supplémentaires : un Beaujolais Villages blanc et un Moulin à Vent Vieilles Vignes des Greneriers.
Il y a plus de 20 ans Paul Janin a fait le choix de réduire sa surface exploitée pour mieux pouvoir s’occuper de ses vignes et bannir tout désherbant. Aujourd’hui les pratiques viticoles sont traditionnelles avec un travail intégral du sol et l’utilisation de bouillie bordelaise pour la majorité des traitements. Eric Janin conduit ses vignes en respectant les principes du bio mais en se laissant quelques marges de manœuvre, car comme le dit son père : « Pour nous, le label bio est trop contraignant….sur des millésimes difficiles comme 2012, on n’aurait pas pu sauver la récolte ». Comme partout, cette année ne fut pas simple pour ces vignerons « la qualité est au rendez-vous mais nous avons divisé nos rendements moyens par 2 » (20 hl/ha au lieu de 40).
Heureusement que l’année 2011 s’est montrée plus généreuse : le Beaujolais Villages a la carrure d’un cru et les cuvées de Moulin à Vent sont des séducteurs invétérés qui associent avec bonheur un côté gourmand et immédiat avec un côté plein d’énergie et de minéralité.
Les amateurs de plaisir immédiat seront ravis et ceux qui choisiront le plaisir différé pourront attendre sans inquiétude…que demander de plus !
Merci à Paul Janin pour son accueil.

 


 
Beaujolais-2012 0241Le minerai de manganèse extrait dans les mines de Romanèche.

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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 18:50

 

Parti de Strasbourg vers 5 heures du matin sous la pluie, je suis absolument ravi de me retrouver au pied du Mont Brouilly éclairé par un beau soleil automnal pour commencer mon nouveau périple dans le vignoble de la Bourgogne et du Beaujolais.
Le programme 2012 ne comporte pas de nouvelles adresses puisqu’il va me conduire chez des vignerons que j’ai eu l’occasion de rencontrer durant ces dernières années et que j’avais vraiment envie de revoir une fois de plus.
La première journée sera très « rouge » et exclusivement beaujolaise avec des visites au Château Thivin à Odenas, au domaine Burgaud à Morgon, au domaine de la Grande Cour à Fleurie et au domaine Janin à Romanèche.
La seconde journée sera plus bouguignonne et presque exclusivement « blanche » avec une étape chez les Brothers de Vinzelles et une autre à Meursault au domaine Buisson-Charles.
Hoppla, c’est parti !

 

  Beaujolais-2012 0232

Vue panoramique sur Fleurie du haut de la Côte du Py…toute la magie des paysages du beaujolais

 

 

 

Jour 1. : visite au domaine de la Grand’Cour à Fleurie

 

 

Beaujolais-2012 0236

 

La belle impression laissée par ma visite de l’année passée et le plaisir ressenti à chaque fois que j’ai débouché une des bouteilles produites par Jean-Louis Dutraive sont autant d’éléments qui m’ont décidé à revenir une nouvelle fois vers le ce domaine de Fleurie…ne nous privons pas des bonnes choses !
Contrairement à l’année passée il reste presque toutes les références du tarif à la vente : dans cette région également, 2011 a été un beau millésime !
Heureusement d’ailleurs pour Jean-Louis Dutraive, car en 2012 ce fut extrêmement compliqué. Il y a eu d’abord de violents orages de grêle qui ont durement frappé le secteur de Fleurie ensuite les maladies de la vigne : « face à la pression du mildiou dont on n’a pas anticipé la virulence les produits phytosanitaires admis en viticulture bio, ont été impuissants ».
Le niveau de rendement parle de lui-même : 5 à 6 hl/ha sur le domaine de la Grand’Cour…une misère !
Notre vigneron reste néanmoins très positif « c’est notre métier, ça fait partie des aléas de qu’il faut accepter…il y aura très peu de vin en 2012 mais la qualité est au rendez-vous »


Une fois installés dans le caveau nous faisons un tour d’horizon complet sur 2011 :

Fleurie Chapelle des Bois 2011 : le nez est pur et très expressif avec une palette florale bien complexe, la bouche charme les papilles par sa gourmandise, son toucher lisse, sa structure détendue et son bouquet qui s’exprime avec une grande délicatesse.

 

Beaujolais-2012 0265

 

Cette cuvée issue d’une parcelle de vignes d’une vingtaine d’années qui jouxte le domaine : « deux hectares de sols assez profonds assis sur une base granitique ».
Elevé en foudre et travaillé sans ajout de SO2 ce premier Fleurie possède une matière et une aromatique d’une pureté et d’une profondeur qui me transportent littéralement.
Cette troisième halte me confronte à un changement de style évident mais la qualité de ce premier vin est vraiment irréprochable…La belle série continue !
 

Beaujolais-2012 0234La parcelle « Chapelle des Bois »


Fleurie Clos de la Grand’Cour 2011 : le nez fait penser à la cuvée précédente par son côté floral tout en affirmant un côté un peu plus épicé, la bouche est ample et vineuse avec une matière généreuse qui donne un côté sphérique à la structure, la finale est un peu plus tendue, légèrement tannique et délicatement poivrée.

 

Beaujolais-2012 0273

 

Située à l’intérieur des murs qui entourent la propriété cette parcelle est géologiquement proche de celle de la Chapelle des Bois, mais le sol y est un peu  moins profond et moins riche et les vignes ont entre 30 et 40 ans.
L’esprit de Fleurie si joliment décliné par le vin précédent est bien présent sur ce Clos mais la présence en bouche y est un peu plus « sérieuse ».
Une très belle cuvée à garder ou à placer à table


Beaujolais-2012 0235Une partie du Clos qui entoure le Domaine de la Grand’Cour


Fleurie Cuvée Vieilles Vignes 2011 : le nez s’ouvre sur quelques notes lactées probablement liées à l’élevage mais avec l’oxygénation la palette se définit plus précisément avec une aromatique élégante et complexe sur la prune et les fleurs, en bouche le vin se montre dense et plein de sève avec une mâche gourmande et une finale bien longue finement boisée et épicée.

 

Beaujolais-2012 0282

 

Cette cuvée issue de 5 parcelles (environ 1 ha au total) de très vieilles vignes du clos (70 ans et plus) a été élevée en fûts de chêne de 1 à 2 vins.
Malgré l’aromatique encore un peu perturbé par sa mise très récente, ce Fleurie impressionne par sa concentration et son énergie en bouche… cette bouteille visiblement taillée pour la garde sera capable de montrer sa grande classe après une année en cave…A bon entendeur !

 
Fleurie Terroir Champagne 2011 : le nez est mystérieux avec des notes fruitées très discrètes complétées par de solides nuances minérales (graphite, terre humide), la bouche est dense et concentrée avec une aromatique très complexe et de belles notes minérales qui se remontrent avec véhémence en finale pour accompagner un sillage finement boisé.

 

Beaujolais-2012 0281

 

C’est la première fois que je déguste cette cuvée issue d’un terroir situé au sud-est du Clos et vinifiée en barriques neuves à 25 % complétées par d’autres ayant contenu 1 vin. Le boisé est discret et déjà parfaitement intégré mais la profonde minéralité de cette matière peut surprendre les amateurs de « gouleyance » beaujolaise…attention « Champagne » a de la personnalité et le fait savoir dès son plus jeune âge !

 

Beaujolais-2012 0238

Le terroir Champagne et la colline du Py à l’arrière plan.

 

 

Brouilly Cuvée Tradition 2011 : le nez est assez classique et très agréable avec son côté épanoui et généreusement fruité mais la bouche étonne vraiment par son volume, sa concentration et sa structure bien virile.
J’ai été surpris par la place de ce Brouilly dans la série que me proposait Jean-Louis Dutraive, mais en le dégustant, j’ai compris : issu d’une très vieille vigne située sur une veine argilo-calcaire, ce cru plein de sève et d’énergie est un vin de garde.
Peut-être un peu atypique…mais pleinement réussi !

 

 

Fleurie La Part des Grives 2011 : le nez est charmeur avec une palette complexe sur les fleurs et fruits à noyaux bien mûrs, en bouche on est envouté par la douceur de la matière et par le fruité très épanoui, la finale reste très riche mais sans se montrer trop lourde.
Cette cuvée rare est conçue à partir de grappes laissées sur les ceps durant un mois supplémentaire (4 par pied de vigne) pour atteindre un degré de maturité très élevé (16°8 en 2011) mélangées avec des raisins de 2° génération (conservés en chambre froide après vendange) moins riches et plus acides.
Ce « concept wine » qui titre quand même 14°4 se présente aujourd’hui comme un séducteur absolu : généreux, ouvert et étonnamment bien équilibré…MIAM !

Le domaine de la Grand’Cour qui est implanté au milieu de ses vignes – un peu à la bordelaise – a fait le choix d’une viticulture biologique certifiée depuis 2009. Les raisins sont vinifiés, grappes entières, en macération carbonique, sans ajout de SO2 et les cuvées qui sont issues de ce joli travail sont particulièrement agréables à déguster : bien typées, pleines d’allant et d’énergie positive elles appellent la bonne humeur et les petits plats mitonnés.
Cette année j’ai eu le plaisir de découvrir toute la gamme de vins produits par Jean-Louis Dutraive et l’impression ressentie en 2011 s’est largement confirmée.
Les cuvées de Fleurie sont presque archétypiques avec leur palette suave toujours marquée par un fond joliment floral et une présence en bouche  qui trouve son équilibre et son volume dans l’alliance entre solidité de la charpente et densité de la matière.
Le Brouilly 2011 est un peu particulier avec sa personnalité haute en couleur et son tonus inhabituel pour cette appellation, mais quel beau vin !
Voilà une visite qui est en train d’acquérir le statut d’étape incontournable.
Merci à Jean-Louis Dutraive pour son accueil…et à l’année prochaine !

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 09:02

Parti de Strasbourg vers 5 heures du matin sous la pluie, je suis absolument ravi de me retrouver au pied du Mont Brouilly éclairé par un beau soleil automnal pour commencer mon nouveau périple dans le vignoble de la Bourgogne et du Beaujolais.
Le programme 2012 ne comporte pas de nouvelles adresses puisqu’il va me conduire chez des vignerons que j’ai eu l’occasion de rencontrer durant ces dernières années et que j’avais vraiment envie de revoir une fois de plus.
La première journée sera très « rouge » et exclusivement beaujolaise avec des visites au Château Thivin à Odenas, au domaine Burgaud à Morgon, au domaine de la Grande Cour à Fleurie et au domaine Janin à Romanèche.
La seconde journée sera plus bouguignonne et presque exclusivement « blanche » avec une étape chez les Brothers de Vinzelles et une autre à Meursault au domaine Buisson-Charles.
Hoppla, c’est parti !

 

  Beaujolais-2012 0232

Vue panoramique sur Fleurie du haut de la Côte du Py…toute la magie des paysages du beaujolais

 

 

 

Jour 1. : visite chez Jean-Marc Burgaud à Morgon


Après cette mise en bouche sur les flancs du Mont Brouilly, je remonte de quelques kilomètres vers le nord pour aller à la rencontre de cette autre éminence emblématique du Beaujolais, qu’est la Côte du Py.
En me retrouvant pour la cinquième fois chez Jean-Marc Burgaud, je suis partagé entre l’immense plaisir de rencontrer ce vigneron et ses vins et ce petit pincement qui me rappelle de façon lancinante à quelle vitesse ces années ont passé…
Bon, halte aux lamentations, il fait très beau, le vigneron a le sourire et la série de bouteilles est prête, que demander de plus !

Malgré le ciel toujours aussi bleu, il fait assez froid ce matin sur la Côte du Py et le coin dégustation du chai à barriques nous offre une température un peu plus accueillante que notre caveau habituel.

 

Beaujolais-2012 0226

 
Installés à la grande table devant les pièces de chêne où séjournent certaines cuvées du millésime 2012, en compagnie du sommelier d’un restaurant local (L’Auberge de Corcelles) et de Jean-Marc Burgaud nous passons en revue la production 2011 du domaine :

 


Beaujolais Villages Les Vignes de Thulon 2011 : le nez est déjà très fin avec de belles notes de cerise, la bouche présente un jus d’une belle densité, le fruit s’impose avec facilité et la finale délicatement acidulée donne un côté canaille sympathique.

 

Beaujolais-2012 0272

 

Plus typé beaujolais que le 2009 mais plus souple que le 2010, ce « villages » qui a été mis en bouteilles en février se présente aujourd’hui avec une belle gourmandise, sans oublier cependant de montrer une solide base minérale.
Ma foi, voilà une deuxième série qui commence aussi bien que la première !

Régnié Vallières 2011 : après quelques notes de réduction très fugaces, le nez développe un joli profil minéral (silex et pierre chaude) avant de laisser apparaître quelques évocations fruitées, en bouche l’attaque est vive et l’aromatique sur la groseille marque bien le côté acidulé d’une matière quand même assez charnue, la finale est assez longue et finement tannique.

 

Beaujolais-2012 0268

 
Millésime après millésime ce Regnié se fait une place de choix dans la gamme de Morgons de ce domaine : après 7 mois de bouteille ce vin est déjà remarquablement en place et présente une complexité étonnante dans son aromatique et sa structure tout en gardant un côté juvénile et guilleret qui le rend irrésistible.

 

 

Morgon Les Grands Cras 2011 : l’olfaction est ouverte et avenante sur la cerise et la noyau, la bouche est toute en rondeur et en souplesse mais la matière se montre progressivement en révélant une belle structure en finale.
Cette nouvelle cuvée est issue d’un lieu-dit situé au sud de Morgon entre les appellations Régnié et Brouilly. Jean-Marc Burgaud a acquis cette parcelle en 2006 « avec des sols déséquilibrés qu’il a fallu restructurer progressivement ». Aujourd’hui cette vigne au sol assez argileux reste « un terrain compliqué qui produit des fruits très beaux mais pas faciles à vinifier ».
Depuis 2011, Grands Cras apparaît dans la gamme du domaine pour offrir à la clientèle un Morgon qui se boit très facilement dans sa jeunesse et qui permettra à l’amateur de donner le temps nécessaire aux vins de la Côte du Py.
Attention même si cette cuvée n’en porte pas le nom, le charme opère de façon presque imparable !

Morgon Les Charmes 2011 : le nez est discret mais offre un registre plus complexe et plus raffiné, la bouche est solide avec une belle tension et une trame tannique serrée mais bien mûre.
Même si ce Morgon se déguste avec beaucoup d’agrément ce matin, on sent quand même que le granit des « Charmes » a imprimé une marque minérale assez prononcée qui demandera effectivement un peu de temps pour libérer complètement l’expression de ce vin…Pas grave, il y a les Grands Cras pour patienter !

 

Beaujolais-2012 0278

 
Morgon Côte du Py 2011 : le nez est discret mais on y sent une belle concentration avec des notes de griotte et un côté finement pierreux, la bouche ample et vineuse est tenue par une acidité large et une trame tannique très soyeuse, en finale on perçoit un retour minéral imposant.

 

Beaujolais-2012 0269

 

Cette première cuvée issue de la Côte du Py montre une densité et une complexité tout à fait exceptionnelles : c’est la promesse d’une série de cuvées de grande qualité produites sur ce terroir en 2011 par Jean-Marc Burgaud.

Comme les 3 vins suivants n’ont pas encore terminé leur phase d’élevage nous dégustons des échantillons prélevés sur cuves :

Morgon Côte du Py-Réserve 2011 : l’élevage marque l’olfaction au début et les belles notes de fruits rouges et de pierre chaude peinent à se faire sentir, la bouche est concentrée avec une chair généreuse, une acidité fine et mûre et une trame tannique élégante que la présence boisée resserre un peu en finale.
Soutirée il y a quelques jours cette cuvée qui va être prochainement mise en bouteilles est un peu bousculée actuellement : la futaille pourtant relativement âgée (tonneaux de 4 à 7 vins) montre un peu trop sa présence au nez et en finale mais la puissance du jus reprendra sûrement le dessus dans quelques temps…un peu de patience s’impose !

Morgon Côte du Py-Javernières 2011 : l’élevage bien plus intégré laisse s’exprimer de discrètes notes de cerise rouge et de noyau, la bouche est d’une rondeur très gourmande avec une belle vinosité, la finale qui mêle épices et réglisse est déjà bien en place.
Elevée en pièces bourguignonnes de 5 à 6 vins produites par la tonnellerie Seguin-Moreau (chêne de l’Allier), ce Morgon commence à dessiner sa personnalité avec son équilibre harmonieux et sa matière dense et très élégante. Dans la ligne du superbe 2009 avec une structure un peu plus solide ce Javernières fera surement  parler de lui dans quelques temps.

Morgon Côte du Py-James 2011 : l’olfaction est superbe, le fruité est mûr et d’une grande pureté, la bouche impressionne par sa richesse et sa puissance soutenus par une acidité longue et fine et une trame tannique légèrement grenue.
L’élevage en pièces de 3 vins est pratiquement imperceptible tant la matière première de cette cuvée est dense et expressive, laissant une empreinte particulièrement longue en finale…la signature d’un très grand vin !

 

Beaujolais-2012 0230Un pied de vigne au sommet de la Côte du Py.

 

 

Petit bonus pour finir :
Morgon Côte du Py-Javernières 2009 : le nez est fin et discret sur la griotte bien mûre avec une petite touche de cacao, en bouche cette cuvée montre avec beaucoup plus de spontanéité sa puissance et sa matière riche qui lui donne une mâche très gourmande, la finale soutenue par une belle acidité possède l’allonge d’un très grand vin.
Certes, 2009 marque l’aromatique et la structure de ce vin mais l’ensemble reste équilibré et digeste grâce à cette pointe minérale qui marque intensément la finale.
Une série qui se finit apothéose…superbe !


Les prévisions formulées lors de mon passage en 2011 se sont visiblement réalisées car après la dégustation de cette série de bouteilles on peut effectivement affirmer que les vins de 2011 se situeront entre l’opulence ronde des 2009 et la finesse verticale des 2010.
Pour 2012, Jean-Marc Burgaud est très confiant sur le plan qualitatif et relativement satisfait du volume de sa récolte. Avec ce millésime de tous les dangers, il ne fallait pas ses tromper dans ses interventions à la vigne : « Pour certains traitements, c’était au jour près…avant c’était inutile, après c’était trop tard…je pense que j’ai pris de bonnes décisions mais que j’ai eu un peu de chance quand même… ».
Avec la cerise omniprésente dans les différentes palettes aromatiques les morgons de 2011 sont des archétypes de l’appellation et il faut passer par l’analyse des sensations au palais pour évaluer l’influence de tous ces beaux terroirs que ce vigneron a choisi de vinifier séparément. Les cuvées haut de gamme encore en cours d’élevage se montrent principalement à travers la qualité de leur matière, les autres brillent déjà par une grande complexité et une belle gourmandise avec une mention spéciale au petit nouveau : le Morgon Grands Cras est un pur régal !
Même si le Beaujolais-Villages se goûte avec un réel bonheur dès aujourd’hui mon coup de cœur ira vers la Régnié Vallières, fruité, aérien et parfaitement équilibré…un vin qui me rappelle pourquoi je suis tombé sous le charme de cette appellation au début des années 90. Merci Jean-Marc !

 

Beaujolais-2012 0229 La croix au sommet de la Côte du Py

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 17:42

Parti de Strasbourg vers 5 heures du matin sous la pluie, je suis absolument ravi de me retrouver au pied du Mont Brouilly éclairé par un beau soleil automnal pour commencer mon nouveau périple dans le vignoble de la Bourgogne et du Beaujolais.
Le programme 2012 ne comporte pas de nouvelles adresses puisqu’il va me conduire chez des vignerons que j’ai eu l’occasion de rencontrer durant ces dernières années et que j’avais vraiment envie de revoir une fois de plus.
La première journée sera très « rouge » et exclusivement beaujolaise avec des visites au Château Thivin à Odenas, au domaine Burgaud à Morgon, au domaine de la Grande Cour à Fleurie et au domaine Janin à Romanèche.
La seconde journée sera plus bouguignonne et presque exclusivement « blanche » avec une étape chez les Brothers de Vinzelles et une autre à Meursault au domaine Buisson-Charles.
Hoppla, c’est parti !

 

  Beaujolais-2012 0232

Vue panoramique sur Fleurie du haut de la Côte du Py…toute la magie des paysages du beaujolais

 


Jour 1. : visite au Château Thivin à Odenas


Après quelques instants de recueillement au pied du Mont Brouilly, montagne un peu magique dont l’effet de fascination sur moi ne s’est jamais démenti au fil des années, je me rends au Château Thivin pour mon premier rendez-vous de cette journée.

 

Beaujolais-2012 0208

Le Mont Brouilly sous un ciel d’automne cristallin...ce séjour commence vraiment bien !


Adossé sur le versant sud du Mont ce domaine produit avec une grande régularité des cuvées dont la qualité est presque unanimement reconnue par la critique vinique. La dégustation de mes acquisitions de 2010 ayant largement confirmé cet engouement, il était donc évident que je refasse une petite visite chez ces vignerons.

 

Beaujolais-2012 0213

Le Château Thivin
   

 

Comme il y a deux ans, c’est Claude-Edouard Geoffray qui me reçoit dans le caveau de dégustation du domaine pour me présenter les cuvées de leur gamme encore disponibles à la vente actuellement :

Beaujolais Villages blanc Clos de Rochebonne 2011 : le nez est ouvert et charmeur sur la banane et les fleurs blanches, en bouche l’attaque et vive le milieu agréablement gras flatte le palais, la finale monte à nouveau un peu plus de fraîcheur avec quelques jolis amers.

 

Beaujolais-2012 0270

 

Originaires d’un Clos du village de Theizé dans le secteur des « pierres dorées » ces chardonnays ont été élevés durant 7 à 9 mois sur lies en pièces bourguignonnes. Cette cuvée que je goûte pour la première fois me fait le plus bel effet : une matière encore jeune mais pleine de finesse, de légèreté et d’élégance… à 10 heures du matin, c’est une mise en condition idéale pour préparer cette longue journée !

 

 
Beaujolais-2012 0214
Une pierre dorée…
 

Brouilly Reverdon 2011 : le nez est ouvert et agréable avec des notes de prune bien mûre et de fleurs (pivoine, violette), la bouche est souple et gourmande mais relevée par quelques tanins et un retour acidulé en finale.

 

Beaujolais-2012 0264

 
Issu de parcelles granitiques situées autour du Mont Brouilly ce vin nous régale par son côté immédiat et gouleyant tout en révélant un fond assez bien charpenté. Comme nous aurons l’occasion de le constater par la suite, cette première cuvée nous livre une impression déjà assez précise du profil des crus 2011 du Beaujolais : généreux et extravertis comme en 2009 mais avec une structure plus droite et plus solide…ça promet !


 
Beaujolais-2012 0215
Un bout de granit rose.


Côte de Brouilly Les 7 Vignes 2011 : le nez est un peu plus discret mais d’une grande élégance, on y sent du fruit à noyau et des épices avec quelques notes de terre humide, la bouche est vineuse, très bien équilibrée et la finale se montre particulièrement digeste avec un sillage acidulé et une fine présence tannique.

 

Beaujolais-2012 0267


Le nom de cette cuvée fait référence aux 7 parcelles sur le Mont Brouilly où ont été récoltés les raisins à la base de ce vin complet, tonique et déjà marqué par la race du terroir…dès la première référence on entre de plain pied et de la plus belle manière qui soit, dans l’esprit de cette appellation. MIAM !

 

Beaujolais-2012 0224
Un cep sur le Mont Brouilly.

 


Côte de Brouilly La Chapelle 2010 : le nez est intense et déjà très ouvert avec des notes de fruits, de réglisse et une petite touche fumée, la bouche est très précise avec un équilibre bien droit et une grande longueur aromatique.

 

Beaujolais-2012 0277

 
Cette parcelle très tardive, exposée plein sud et située près du sommet du Mont Brouilly produit chaque année un grand vin qui trouve son équilibre avec les influences conjuguées de la richesse due à son exposition privilégiée et la fraîcheur due à l’altitude (près de 400 mètres quand même…).
Etonnamment expressif dans sa prime jeunesse ce Côte de Brouilly nous ferait presque oublier qu’il demande encore quelques années de garde pour donner la pleine mesure de son potentiel.

 

Beaujolais-2012 0222La chapelle Notre Dame aux Raisins au sommet du Mont Brouilly


Côte de Brouilly Cuvée Godefroy 2010 : le nez est charmeur et distingué sur les fruits noirs et les épices douces (cannelle, muscade), en bouche il y a une trame tannique soyeuse qui habille une matière très élégante, la finale bien fraîche laisse deviner de délicates notes d’orange sanguine.
Les vignes qui ont engendré cette très belle cuvée sont exposées à l’est et se trouvent dans le bas de la pente du Mont Brouilly. Avec sa gourmandise et son côté soyeux très séduisant ce vin associe les influences de son terroir et de son année de vieillissement ; il se déguste avec grand plaisir aujourd’hui et constitue une alternative très intéressante pour laisser aux autres cuvées le temps de se reposer un peu en cave.

Côte de Brouilly Cuvée Zacharie 2011 : le premier nez est un peu mystérieux, très complexe mais encore un peu réservé, en bouche la matière est dense, concentrée et solidement structurée autour d’une belle acidité et d’une fine trame tannique.

 

Beaujolais-2012 0276

 
Pour créer cette cuvée, les Geoffray sélectionnent des jus sur la production des différentes parcelles du domaine pour les élever en pièces bourguignonnes (5% neuves) durant 9 à 12 mois.
En 2010 j’avais trouvé Zaccharie 2009 un peu marqué par son élevage mais aujourd’hui je suis impressionné par la classe de l’édition 2011 dont la personnalité fort généreuse a déjà parfaitement intégré les nuances  boisées qui semblent bien moins péremptoires qu’avant …Superbe !

 

Beaujolais-2012 0216 Un éclat de la roche mère du Mont Brouilly

 

 

Comme en 2010 je repars de cette visite avec l’impression d’avoir approché au plus près l’essence de ces crus du Beaujolais un peu particuliers que sont les Côtes de Brouilly. Nés d’une improbable rencontre entre l’immédiate et franche gouleyance du gamay et le mystère de ce terroir noble et complexe, ces vins souvent énigmatiques me séduisent toujours autant.
La famille Geoffray rend hommage à cette belle appellation en élaborant une série de cuvées précises et expressives avec une grande régularité qualitative. Depuis son arrivée au domaine en 2007, Claude-Edouard Geoffray œuvre pour réussir à passer la totalité du domaine en viticulture bio (3° années de conversion) mais comme il l’avoue très simplement « sur certaines parcelles, c’est très difficile ». A l’heure actuelle il cherche à diminuer la densité de plantation et à faire monter les ceps un peu plus haut pour pouvoir travailler plus facilement dans ses vignes…il paraît même qu’il va prendre quelques conseils chez des copains vignerons alsaciens.
Les vins dégustés cette année ont confirmé pleinement la bonne impression ressentie lors de ma première visite avec quelques belles surprises en plus :
- la cuvée de beaujolais blanc étonnante de pureté et de fraîcheur
- la cuvée 7 vignes qui, pour moi, représente une sorte de parangon au niveau de cette appellation
- la cuvée Zaccharie 2011 qui assume avec aisance son statut de grand vin.

 

 

Beaujolais-2012 0220Dernier regard sur une parcelle sommitale du Mont Brouilly avant de basculer vers Morgon et Fleurie.

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30 septembre 2012 7 30 /09 /septembre /2012 12:51

 

Avec l’âge, je me rends compte que j’aime de plus en plus ces habitudes qui ponctuent le cours du temps en me donnant la trompeuse impression d’un défilement un peu moins rapide des années.
Depuis près de deux décennies, ce périple bourguignon fait partie des virgules temporelles indispensables à mon bien-être : ces quelques jours dans le vignoble de la Côte d’Or me permettent d’envisager la fin de mes vacances estivales avec sérénité, gonflé d’une énergie positive nécessaire pour entamer cette nouvelle année scolaire.
Comme nos deux jeunes membres du club A.O.C. qui nous avaient accompagnés en 2011 étaient retenus en Alsace pour des raisons familiales ou professionnelles, nous voilà « on the road again » dans notre formation habituelle : en duo avec Martial, l’inventeur du béton au riesling.
Le programme de cette année est assez conséquent : trois étapes traditionnelles – Murat, Carillon et Castagnier – et trois nouvelles adresses – Carré, Rion et Chicotot.
Hoppla c’est parti !

 

 

Jour 2. : domaine Jérôme Castagnier à Morey


Depuis maintenant 4 ans mon périple bourguignon n’est vraiment complet qu’après avoir fait étape à Morey Saint Denis pour une visite chez Jérôme Castagnier : ce voyage gustatif parmi les plus belles appellations de la côte de nuits est entré de façon définitive dans mon rituel vinique du mois d’août.
Nous retrouvons notre vigneron musicien dans sa cave en compagnie d’un couple de cavistes tchèques qui viennent de dévaliser ses stocks et qui ont quelques soucis avec la transaction bancaire au moment de régler leur facture. Après de longues tergiversations, qu’un problème de langue a rendues encore plus complexes d’ailleurs, notre hôte peut enfin s’occuper de nous et nous accompagner dans notre habituel tour de cave…ouf !

Nous commençons cette séquence de dégustation par un petit échauffement avec les seuls vins en bouteilles qui restent disponibles à la vente (et encore, il ne reste que quelques bouteilles !) :

Aligoté 2009 : le nez est discret sur le citron et la poire, la bouche est légère et très droite avec une finale nette et pointue où on perçoit quelques notes de menthe fraîche.
Cet aligoté laisse toujours une belle impression de finesse et d’élégance qui lui confère un côté très immédiat et très avenant tout en laissant deviner de belles potentialités gastronomiques. Rapport Q/P exceptionnel !

Bourgogne Grand Ordinaire Rosé 2009 : le nez est pur et flatteur sur la mandarine, l’abricot et le miel, la bouche est d’un abord particulièrement agréable avec une rondeur avenante et une pointe acidulée en finale.
Lorsqu’on passe l’obstacle de ce nom vraiment peu engageant on retrouve dans son verre un rosé vif, facile et joliment aromatique : 100% pinot noir sur une parcelle près de Morey…comment ne pas craquer !
 

 

 

Notre visite se poursuit dans le chai où Jérôme Castagnier nous propose des échantillons du millésime 2011 :

 

Bourgogne-2012 0120
Jérôme Castagnier en pleine séance de dégustation dans son chai à barriques.


Coteaux Bourguignons : le nez présente un léger fumé et un fruité très discret, la bouche est gourmande avec un fruit qui croque sous la dent et une structure bien solide qui soutient une finale d’une longueur appréciable.
Bien que complètement hors sujet – le secteur concerné par cette nouvelle appellation étant désespérément plat – il faut reconnaître que le nouveau nom de ce vin est quad même plus vendeur que l’ancien : exit l’horrible « Bourgogne Grand Ordinaire »…il était temps !
Il n’en reste pas moins que cette cuvée que je goûte pour la première fois en cours d’élevage étonne par sa personnalité franche et gourmande…le rapport Q/P est exceptionnel mais le volume produit est souvent assez faible. Avis aux amateurs !

Chambolle Musigny : le nez est discret, finement torréfié et développant des arômes de cerise et de noyau sur un fond de pain grillé, la bouche est gourmande et joliment bâtie, la finale est fraîche et très déliée.
Modèle d’équilibre et d’élégance ce vin se laisse approcher sans difficulté dès son plus jeune âge tout en présentant une matière solidement assise et prête pour tenir quelques belles années en cave.

Gevrey Chambertin : le nez est ouvert et bien complexe, vanille, mûre et griotte accompagnées par une petite touche épicée composent une palette particulièrement séduisante, après une attaque assez vive, la matière s’arrondit voluptueusement en bouche avant de se tendre à nouveau un peu plus en finale.
Comme sur les vins de 2009, ce Gevrey se montre plus ouvert et plus caressant que le Chambolle : il y a des millésimes qui nous rappellent avec beaucoup d’à propos que les idées reçues ne tiennent pas face à la complexité du monde du vin. Il n’en reste pas moins que cette cuvée est d’une beauté confondante…MIAM !
 
Bourgogne-2012 0143Le gevrey édition 2010


Morey Saint Denis : le nez s’ouvre sur des notes torréfiées (grain de café grillé) avant de laisser transparaître de beaux arômes de fruits rouges bien mûrs, la bouche est dense, concentrée et pleine de sève, la finale commence à affirmer un marquage minéral bien profond.
Comme les années précédentes, ce Morey reste la cuvée de la série « villages » qui parle explicitement de son terroir dès son plus jeune âge. Superbe vin !

Charmes Chambertin : le nez est plaisant mais encore un peu discret, on y reconnaît quelques notes de cerise rouge avec une touche minérale qui commence à pointer, la bouche dense, concentrée mais bien équilibrée est d’un abord particulièrement agréable.
Jérôme a pour habitude de comparer les vins issus de ce grand cru à une « très belle femme » : il y a de l’élégance, une classe affirmée mais aussi un côté immédiat très séduisant. Pour cette cuvée, il à choisi un élevage en barriques de chêne originaire de l’Yonne qui apporte un grain particulièrement soyeux sans marquer excessivement l’aromatique. Superbe vin !

Clos Saint Denis : le nez est aimable, avenant, légèrement torréfié et discrètement fruité, en bouche l’attaque est bien souple et la matière s’épanouit progressivement en révélant un très beau fruit et de petites notes épicées, la finale est longue avec une trame tannique fine et serrée.
« Le Clos Saint Denis est un gentil fou, un peu à l’image d’un musicien comme Mozart…au début, on ne sait pas toujours où il va aller mais ce qui est sûr c’est qu’au bout du compte, il va nous émouvoir et nous séduire » : notre vigneron-musicien possède l’art de la formule…mais c’est ce qu’il ressent face à cette cuvée qu’il a choisi d’élever en barriques de chêne du Tronçais.
Comme chaque année, à ce stade d’évolution ce vin garde un certain mystère pour moi mais les éléments pour réaliser une belle composition sont bien là. Patience !

Clos de la Roche : le nez est plus ouvert avec des notes de fruits rouges bien mûrs, d’épices douces et de café, en bouche l’attaque est très franche, le vin affirme immédiatement sa puissance, la matière est dense avec une structure ample et sphérique, la finale est très longue et finement boisée.
Prélevé sur une barrique de chêne des Vosges, ce Grand Cru montre ses muscles sans complexe dès son plus jeune âge, mais la profondeur est bien présente et la complexité aromatique commence à se révéler…la noble provenance est signée. Plus wagnérien que mozartien, peut-être…mais grand vin sûrement !


Bourgogne-2012 0142Le couple de grands crus de Morey édition 2010.


Clos de Vougeot : le nez est charmeur, complexe et pénétrant, on y perçoit des notes de fruits noirs (griotte, cassis), de fleurs (violette, iris) et de discrètes nuances minérales, la bouche est ronde, dense, très concentrée avec une trame tannique veloutée et une finale longue où on sent des arômes de cacao et de pierre chaude.
Face à ce vin qui, une fois de plus, me séduit pleinement je vais copier-coller ma remarque concernant la cuvée 2009 : « Pas la peine de chercher d’autres mots, ce vin est déjà grandiose ». C’est dit !

Bourgogne-2012 0141Clos de Vougeot 2010


Grands Echezeaux : le nez encore très réservé livre quelques délicates notes florales, la présence en bouche est plus manifeste avec une attaque généreuse, une matière large et très concentrée et une finale où on sent une belle présence tannique.
Après le flamboyant Clos de Vougeot, la retenue de ce Grands Echezeaux peut surprendre mais la bouche montre un caractère bien trempé d’une personnalité dont le charisme va s’affirmer avec l’âge.


2012 fut une année très contrastée pour Jérôme Castagnier : d’un côté il y a beaucoup de joie et de fierté face au succès grandissant et largement mérité des vins qu’il produit et de l’autre une immense tristesse suite à la disparition de son père « 2011 sera le dernier millésime où j’aurai bénéficié des conseils et du soutien de mon père, je souhaite que les crus de cette année soient à la hauteur de l’hommage qu’il mérite ».
A mon humble avis, après ce tour d’horizon sur la production de ce jeune vigneron en 2011, Monsieur Castagnier peut reposer en paix, son nom et sa mémoire resteront associés à des vins d’exception !
Comme je l’ai déjà souligné dans mes précédentes contributions Jérôme Castagnier est un perfectionniste à la vigne comme à la cave. A l’heure actuelle il peaufine ses élevages en recherchant l’harmonie parfaite entre la futaille et le terroir : pour le Charmes Chambertin il pense avoir trouvé l’association idéale, pour les autres grands crus, il ne s’est pas encore forgé de convictions absolues mais cela ne saurait tarder…
Pour ce qui est de la durée d’élevage, les mises sont théoriquement prévues en janvier 2013 pour les villages 2011 et en mars 2013 pour les grands crus 2011 mais comme chaque année, Jérôme Castagnier procèdera à une dégustation de tous les vins avant de décider de soutirer et de mettre en bouteilles.
Une fois de plus, je sors de cette dégustation en étant vraiment impressionné par la gamme de vins de ce domaine : dans ces cuvées en cours d’élevage les terroirs sont déjà marqués avec une grande précision et l’homogénéité qualitative de l’ensemble des vins est impressionnante. S’il fallait vraiment faire émerger quelques bouteilles de cette belle série de 2011, je choisirai les vins du secteur de Gevrey pour leur suavité étonnante et le Clos de Vougeot dont la noble prestance m’a laissé bouche bée…

Merci à Jérôme Castagnier de nous avoir accompagnés une nouvelle fois pour cette promenade gustative en compagnie de ces sublimes crus bourguignons !


 
ScanJérôme jouant du bugle dans ses vignes, photographié pour la revue « Cuisine et vins de France »…je n’ai pas résisté !

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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 14:47

Avec l’âge, je me rends compte que j’aime de plus en plus ces habitudes qui ponctuent le cours du temps en me donnant la trompeuse impression d’un défilement un peu moins rapide des années.
Depuis près de deux décennies, ce périple bourguignon fait partie des virgules temporelles indispensables à mon bien-être : ces quelques jours dans le vignoble de la Côte d’Or me permettent d’envisager la fin de mes vacances estivales avec sérénité, gonflé d’une énergie positive nécessaire pour entamer cette nouvelle année scolaire.
Comme nos deux jeunes membres du club A.O.C. qui nous avaient accompagnés en 2011 étaient retenus en Alsace pour des raisons familiales ou professionnelles, nous voilà « on the road again » dans notre formation habituelle : en duo avec Martial, l’inventeur du béton au riesling.
Le programme de cette année est assez conséquent : trois étapes traditionnelles – Murat, Carillon et Castagnier – et trois nouvelles adresses – Carré, Rion et Chicotot.
Hoppla c’est parti !

 

 

 

Jour 2. : domaine Georges Chicotot à Nuits


L’avant dernière halte de ce périple nous conduit également vers une nouvelle adresse située en plein centre du village de Nuits : le domaine Georges Chicotot. Là aussi la lecture de quelques articles élogieux dans les guides viniques ou dans la blogosphère œnophile a attisé ma curiosité et m’a conduit à demander un rendez-vous chez ces vignerons pour pouvoir me faire ma propre idée sur le sujet.
 

Bourgogne-2012 0117

 

Après un repas de midi bien arrosé…surtout par l’orage qui menaçait depuis le début de la matinée, nous nous rendons donc au domaine Chicotot pour notre avant dernière visite bourguignonne.

 

Bourgogne-2012 0118L’entrée du domaine Chicotot

 

Nous sommes accueillis par madame Chicotot, actuellement en charge des vinifications au domaine. Elle nous invite sans tarder à la suivre dans les profondeurs de la cave où séjournent les cuvées du millésime 2011.

 

Bourgogne-2012 0113Un long escalier mène à une cave d’une profondeur assez inhabituelle en Bourgogne

 

 

Originaire de Riquewihr, cette bourguignonne d’adoption nous présente sans langue de bois ses convictions sur son métier de vigneronne et sa façon de concevoir ses vins, avant de nous inviter pour des travaux pratiques le verre à la main face aux cuvées 2011 encore en cours d’élevage.

Bourgogne Pinot Noir : le nez très discret semble un peu brouillé mais la bouche nous régale avec une superbe matière charnue et profondément fruitée.
Des parcelles de vieilles vignes situées dans le secteur de Prémeaux qui produisent naturellement un petit volume (40 hl/ha) sont à l’origine de ce vin très concentré dégusté alors que la malo était encore en cours. Certes l’olfaction n’est pas très expressive mais la bouche révèle un vrai potentiel…voilà un générique qui met la barre qualitative déjà bien haut. Vivement la suite !

Nuits Saint Georges Les Charmottes : comme la cuvée précédente, le nez de ce vin est marqué par la malo, mais la bouche séduit sans réserve par sa matière juteuse et sa trame tannique très fine.
Issu d’un lieu-dit situé à la limite entre Nuits et Vosne, ce vin est encore en gestation mais sa présence en bouche est déjà de toute beauté…attention, superbe cuvée en vue !

 

Bourgogne-2012 0114 Dégustation de cuvées en cours d’élevage avec Mme Chicotot


Nuits Saint Georges Les Plantes au Baron : le nez est discret mais un peu moins marqué que les cuvées précédentes, la bouche possède une structure plus ferme, la matière est encore un peu anguleuse mais donne une belle impression de puissance, en finale se révèlent de subtiles évocations épicées.
Comme nous le dit Mme Chicotot, « Cette parcelle située sous Les Saint Georges produit régulièrement des vins qui se comportent comme un premier cru ». La dégustation confirme effectivement cette assertion : malgré une malo en cours, la bouche donne une impression de puissance et de profondeur qui ne trompe pas.

 

Nuits Saint Georges 1°Cru Les Rues de Chaux : le nez est timide mais le fruité commence à se dessiner, la bouche est corsée avec une charpente solide et une finale où on ressent une présence minérale accompagnée par quelques notes épicées.
Ce premier cru qui jouxte le village de Nuits côté sud, est un peu plus avancé dans son évolution (fin de malo) et commence à montrer une présence aromatique gourmande mais son corps particulièrement solide et volumineux ne laisse aucun doute sur la noblesse de son origine.

Nuits Saint Georges 1°Cru Les Saint Georges : au nez le côté empyreumatique et minéral (fumée, poudre à canon et silex) domine encore l’expression fruitée, en bouche on sent un très léger CO2 mais cette matière est d’une richesse et d’un équilibre qui frisent la perfection.
Issu d’une vigne plantée en 1942 ce Nuits d’une beauté confondante est une réussite absolue…pour moi c’est l’un des plus grands vins rouges que j’ai dégusté durant ce périple !
 
Bourgogne-2012 0115Je veux le même dans ma cave… !


Nuits Saint Georges 1°Cru Les Vaucrains : le nez ressemble à celui du Saint Georges avec un soupçon d’élégance en moins, la bouche est plus massive, très puissante et terminant sur une grande longueur aromatique.
Egalement âgées de 70 ans les vignes de cette parcelle de premier cru ont produit un vin corpulent et racé qui affirme déjà son très grand potentiel de garde.

Nous passons à quelques cuvées en bouteilles figurant au tarif actuel du domaine :

Ladoix 2009 : le nez ouvert et charmeur flatte les sens par des arômes très élégants  de prune et de fleurs, la bouche est douce et soyeuse, la finale revient longuement sur les évocations florales perçues à l’olfaction.
Issu d’une vigne en métayage, cet intrus dans la gamme nuitonne du domaine assume pleinement son identité plus beaunoise en flattant nos papilles pas sa texture caressante et sa jolie palette aromatique…une petite friandise !


  Bourgogne-2012 0137

Nuits Saint Georges Les Charmottes 2010 : le fruit commence à s’exprimer au nez, en bouche, après une attaque tout en souplesse, le vin se montre davantage avec un beau développement aromatique, une matière généreuse et une tension palpable qui tient bien la finale en laissant une belle impression de fraîcheur.
Avec son olfaction qui commence à s’ouvrir et sa structure en bouche dense et onctueuse, ce vin commence à peine à parler…mais on sent qu’il va avoir beaucoup de choses à dire dans les années qui viennent !

 

Bourgogne-2012 0138

 
Nuits Saint Georges 1°Cru Les Rues de Chaux 2010 : le nez est encore un peu plus discret que le précédent mais la bouche en impose vraiment avec sa matière ample et concentrée et sa finale bien nette où pointent de très belles notes minérales.
Le marquage minéral du terroir commence à s’affirmer sur une matière bien mûre : à garder un peu mais déjà fort agréable à boire.

Nuits Saint Georges 1°Cru Les Saint Georges 2010 : le nez est très intense sur la framboise et la groseille bien mûre, la bouche est simplement magnifique, ample, sphérique avec des arômes très purs et très puissants de fruits rouges confits, la finale est nette, précise avec une jolie pointe acidulée.
Cette cuvée égrappée à 100% est présentée comme étant un peu atypique pour un premier cru Saint Georges mais pour moi ce fut un bonheur absolu…j’ai failli me mettre à genoux, c’est dire !

 

Bourgogne-2012 0139

 
Pour mettre un point final à cette jolie série notre hôtesse nous présente un vin mystère dans une bouteille couverte de poussière : le nez est délicat et complexe avec un registre floral très fin, la bouche est élégante avec une structure en demi-corps mais une belle énergie, la finale est longue et minérale.
Après les deux cuvées précédentes ce vin paraît plus léger avec sa silhouette très longiligne mai son énergie très juvénile et sa jolie complexité révèle une belle origine…Je suggère timidement un premier cru de Nuits d’une dizaine d’années : au vu de la production du domaine Chicotot, je n’ai eu que très peu de mérite à deviner le type de vin mais pour le millésime je me suis juste trompé de 35 années car il s’agissait d’un Nuits Saint Georges 1°Cru Les Vaucrains 1967

Décidément, je n’y arriverai jamais !


Bourgogne-2012 0116La bouteille mystère du domaine Chicotot.

 

Georges Chicotot et son épouse incarnent la huitième génération de vignerons à la tête de ce domaine bourguignon de 7 hectares et depuis l’année 2011 la relève se prépare avec l’arrivée au domaine de leur fils Clément.
Avec des parcelles de vieilles vignes situées dans les secteurs les plus qualitatifs de Nuits et le choix de pratiques très traditionnelles en cave, ces vignerons produisent des vins pleins et typés qui se présentent de façon toujours très avenante à la dégustation.
Pascale Chicotot assume des choix très radicaux en terme de vinification : profitant de l’inertie thermique des caves profondément enterrées (13° en permanence) elle a choisi de laisser les différentes cuvées vivre leur vie à leur rythme avec un minimum d’interventions : « les jus sont entonnés par gravité puis ils restent sur leurs lies sans triturage le temps qu’il faut ». Les fermentations sont très lentes (c’est vrai que des malos en cours fin août ce n’est pas très courant) mais cette lenteur laisse aux vins le temps de se stabiliser naturellement ce qui permet une réduction des intrants en particulier du SO2 : « En principe, au bout de 2 ans de garde on relève moins de 8 mg de SO2 libre dans nos vins ».
Ces pratiques très « naturelles » sont rendues possibles car le domaine Chicotot ne travaille que très peu à l’export : « 87% de notre production est vendue au domaine à une clientèle particulière ».
Personnellement j’ai été conquis par l’homogénéité qualitative des vins de ce domaine et, comme je l’ai déjà laissé entendre dans mes commentaires de dégustation, certaines cuvées de Nuits m’ont littéralement subjugué par leur plénitude et leur gourmandise véritablement exceptionnelles.

Un très bel accueil dans une cave qui respire la tradition, une vigneronne passionnée par son métier et des vins superbes…bref, voilà une adresse qui répond à tout ce qu’un amateur bourguignophile de mon acabit recherche durant son périple.
J’ai comme l’impression que je vais souvent aller trainer du côté de Nuits dans les prochaines années.

 

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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 17:32

Avec l’âge, je me rends compte que j’aime de plus en plus ces habitudes qui ponctuent le cours du temps en me donnant la trompeuse impression d’un défilement un peu moins rapide des années.
Depuis près de deux décennies, ce périple bourguignon fait partie des virgules temporelles indispensables à mon bien-être : ces quelques jours dans le vignoble de la Côte d’Or me permettent d’envisager la fin de mes vacances estivales avec sérénité, gonflé d’une énergie positive nécessaire pour entamer cette nouvelle année scolaire.
Comme nos deux jeunes membres du club A.O.C. qui nous avaient accompagnés en 2011 étaient retenus en Alsace pour des raisons familiales ou professionnelles, nous voilà « on the road again » dans notre formation habituelle : en duo avec Martial, l’inventeur du béton au riesling.
Le programme de cette année est assez conséquent : trois étapes traditionnelles – Murat, Carillon et Castagnier – et trois nouvelles adresses – Carré, Rion et Chicotot.
Hoppla c’est parti !

 

 

 

Jour 2. : domaine Armelle et Bernard Rion à Vosne 


Le domaine Armelle et Bernard Rion est ma première « vraie » nouvelle adresse de ce périple bourguignon 2012 car même s’il n’y a pas eu de trace écrite, j’avais déjà fait une première visite au domaine Carré il y a quelques années. Ces découvertes constituent un peu le piment de mon séjour : certes les adresses sont choisies en croisant plusieurs sources d’information (les guides, DC, le bouche à oreille…) mais il reste toujours une part d’incertitude somme toute assez excitante. Le style de vins va-t-il correspondre à mon goût ? L’accueil va-t-il être à la hauteur de mes attentes… ?
Mystère et suspens !

 


Bourgogne-2012 0112L’enseigne du domaine très facilement repérable sur le borde de la route nationale qui traverse Vosne.


C’est sous un ciel particulièrement menaçant que nous arrivons à Vosne Romanée pour la quatrième étape de notre parcours. Nous sommes accueillis par Alice Rion qui travaille avec ses parents depuis 2006 et qui nous propose une visite commentée des installations du domaine Rion.

 

Bourgogne-2012 0110
Les caves labyrinthiques du domaine Rion datent des années 50.

 

 

Après cette petite promenade entre futs et rangées de bouteilles qui reposent dans cet impressionnant sous-sol nous nous retrouvons dans l’espace dédié à la dégustation où Bernard Rion est déjà au travail car il présente ses crus à l’équipe d’un restaurant gastronomique de la région.
Alice Rion nous invite à goûter les différents vins du domaine :

Aligoté Albidum : le fruité est pur et délicat au nez, en bouche c’est la vivacité et la légèreté qui dominent.
Vinifié et élevé en cuves ce vin net et aérien témoigne d’une belle précision dans la vinification… prometteur pour la suite !

Bourgogne La Croix Blanche 2009 : le nez est précis et fin sur les fruits rouges, la bouche est solidement charpentée avec une matière conséquente et une finale encore un peu serrée.
La parcelle de la Croix Blanche est une vieille vigne située dans le secteur entre Nuits et Vosne, sur 2009 elle a produit un bourgogne générique dense et viril qui demandera encore un peu de garde pour se livrer.

 

Bourgogne-2012 0136

 
Nuits Saint Georges Les Lavières 2009 : le nez est complexe et gourmand avec de belles notes de fruits rouges et de fleurs, en bouche la chair est ronde et croquante avec des tanins très fins, la finale laisse une belle impression de finesse.
Issu d’une vieille vigne qui se trouve dans le voisinage du 1° cru les Murgers, ce Nuits nous séduit par son accessibilité et sa texture bien gourmande.

Nuits Saint Georges Cuvée Dame Marguerite 2010 : le nez est discret mais on y devine une grande complexité, la bouche est très bien équilibrée, la structure est ample, les tanins sont très fins et la finale longuement aromatique se tend avec une acidité bien pointue.
Cet assemblage issu de plusieurs parcelles situées sur les lieux-dits Aux Allots, Aux Saint Jacques et Les Lavières rend hommage à l’arrière-grand-mère de notre hôtesse.
Aujourd’hui ce vin se livre avec beaucoup de retenue mais on peut apprécier néanmoins sa magnifique tenue en bouche qui donne une belle impression d’énergie et laisse entrevoir un très grand potentiel de garde.
 

Bourgogne-2012 0135


Chambolle Musigny 1° Cru Les Gruenchers 2010 : le nez offre une palette fruitée très complexe avec quelques notes légèrement grillées, en bouche tout n’est qu’élégance, une matière gourmande assise sur une fine trame tannique et une finale très longue marquée par quelques arômes toastés et un très beau retour fruité.
Issu d’une parcelle classée premier cru située dans le voisinage des Bonnes Mares ce Chambolle est un ravissement : finesse, distinction, grande race. MIAM !

 

Bourgogne-2012 0134

 
Nuits Saint Georges 1°Cru Les Murgers 2009 : le nez présente un fruité plus mûr et plus évolué qui flatte les sens, la bouche se situe dans le même esprit avec un profil rond et charmeur, un toucher velouté et une finale très persistante.
Issu d’une parcelle de très vieilles vignes (85 ans) ce 1° cru de Nuits qui a été élevé 15 mois en barriques (neuves à 50%) se montre déjà très gourmand aujourd’hui tout en laissant deviner un énorme potentiel…voilà un grand vin en devenir !

Vosne Romanée Cuvée Dame Juliette 2010 : un nez est discret et bien complexe avec de très belles notes de fruits noirs et de fumée complétées par une fine touche florale, en bouche révèle une structure ronde et très avenante avec une trame tannique très élégante mais la finale se montre nettement plus tonique grâce à une acidité bien tendue qui soutient un long sillage aromatique épicé.
Cette cuvée qui rend également hommage à une aïeule du domaine Rion (la grand-mère d’Alice Rion) est issue de 3 lieux-dits différents situés près de Nuits (Aux Raviolles, Les Jacquines et La Croix Blanche). L’harmonie n’est pas encore complète mais la matière est d’une beauté confondante…décidément la mémoire des gentes Dames du domaine Rion est honorée comme il se doit par ces deux vins
 

Bourgogne-2012 0133



Nuits Saint Georges 1°Cru Les Damodes 2008 : le nez est délicat sur les fruits rouges, la bouche s’ouvre avec beaucoup d’amabilité sur une matière concentré mais bien ronde mais en finale la trame tannique se resserre en dégageant une impression plutôt virile.
L’altitude de ce terroir et la nature du millésime marquent encore fortement cette cuvée qui dégage une force très virile et qu’il faudra surement encore un peu attendre avant de pouvoir l’apprécier pleinement.

Clos de Vougeot 2002 : le nez est ouvert et offre une palette très élégante où on identifie des arômes de prune et de pêche de vigne complétés par quelques fines notes florales, la bouche est bien charnue, mais sa charpente tannique très solide lui confère un toucher un peu austère, la finale laisse persister un long sillage aromatique où on retrouve les notes fruitées perçues à l’olfaction.
Issu d’une parcelle de vieilles vignes (80 ans) du secteur des Baudes ce Grand Cru se présente à nous avec un registre aromatique très complexe mais avec une structure encore un peu crispée en bouche. Malgré déjà 10 ans d’âge ce Clos de Vougeot semble encore un peu trop jeune pour se livrer.

 

Bourgogne-2012 0111Etiquette spéciale pour le millésime 2002

 

 

Etablie à Vosne Romanée depuis 5 générations la famille Rion exploite 8 hectares de vignes situées entre les montagnes de Nuits et de Vosne.
Leurs parcelles implantées sur des secteurs très qualitatifs sont toutes d’un âge respectable « la moyenne d’âge de nos vignes se situe entre 70 et 75 ans et les plus jeunes parcelles ont été plantées il y a 50 ans ».
Ces très vieilles vignes travaillées en lutte raisonnée produisent naturellement peu de raisins, mais ces grappes avec de très petits grains gorgés d’un jus très concentré permettent chaque année de produire des vins denses et puissamment marqués par leur terroir.
Notre dégustation presque complète de la gamme du domaine confirme effectivement que les Rion conçoivent des vins solides, équilibrés et typés.
Les différentes cuvées se distinguent toutes par des registres aromatiques et des textures bien à elles mais toutes sont bâties autour d’ossatures épaisses avec des matières compactes et concentrées : de grands vins de garde par excellence !
Pour compléter le bonheur des papilles du gastronome le domaine propose également un superbe jus de raisin d’aligoté qui surprend par sa richesse en sucre et ses arômes miellés mais surtout de splendides truffes de Bourgogne. En effet, depuis 1988 la famille Rion développé deux activités liées à la truffe : la recherche de truffes dans les forêts bourguignonnes d’une part et l’élevage d’une race de chiens truffiers, les Lagotto Romagnolo, d’autre part.
En ce qui me concerne, cette visite m’a donné une furieuse envie de mariages gastronomiques signés Rion : Vosne ou Nuits et truffe…j’ai comme l’impression que ça va le faire !

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Miammmm !!!

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11 septembre 2012 2 11 /09 /septembre /2012 17:27

  

 


Avec l’âge, je me rends compte que j’aime de plus en plus ces habitudes qui ponctuent le cours du temps en me donnant la trompeuse impression d’un défilement un peu moins rapide des années.
Depuis près de deux décennies, ce périple bourguignon fait partie des virgules temporelles indispensables à mon bien-être : ces quelques jours dans le vignoble de la Côte d’Or me permettent d’envisager la fin de mes vacances estivales avec sérénité, gonflé d’une énergie positive nécessaire pour entamer cette nouvelle année scolaire.
Comme nos deux jeunes membres du club A.O.C. qui nous avaient accompagnés en 2011 étaient retenus en Alsace pour des raisons familiales ou professionnelles, nous voilà « on the road again » dans notre formation habituelle : en duo avec Martial, l’inventeur du béton au riesling.
Le programme de cette année est assez conséquent : trois étapes traditionnelles – Murat, Carillon et Castagnier – et trois nouvelles adresses – Carré, Rion et Chicotot.
Hoppla c’est parti !

 

 

 

Jour 1 : domaine François Carillon à Puligny

 

 

Depuis la fin des années 80, l’étape chez les Carillon figure au programme de chacune de mes virées en terre bourguignonne et, même si 2012 est une année de changement (si peu d’ailleurs…hélas !), en ce qui concerne mon circuit œnophile la constance sera de mise…direction place de l’Eglise pour une nouvelle rencontre avec François Carillon.

 

 

Nous commençons la dégustation dans la cuverie avec les vins de 2011 qui séjournent sur lies fines en cuves inox. Après près d’un an en barriques où les vins effectuent leurs fermentations alcoolique et malo-lactique, les différentes cuvées passent 6 mois en cuves pour affiner l’élevage et harmoniser les matières.

 


Bourgogne-2012 0096François Carillon jouant de la pipette dans sa cuverie.

 

 

Bourgogne blanc : le nez est charmeur sur les fruits blancs, la bouche est onctueuse avec une matière concentrée et un joli gras, la finale révèle un caractère déjà bien minéral et une fine touche vanillée.
Cette parcelle de vieille vigne située sur le lieu-dit la Combe donne régulièrement de petits raisins de très belle qualité et permet à François Carillon de réaliser cette superbe cuvée d’entrée de gamme au prix très attractif (10 euros) qui nous fait entrer de plein pied dans l’esthétique des vins du domaine : pureté, équilibre et minéralité.

 

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La nouvelle étiquette des vins du domaine François Carillon.
 

Puligny Villages : la robe est un peu trouble, le nez est discret mais franc et la bouche révèle une matière superbe : malgré une sensation de richesse et d’opulence, l’équilibre est parfaitement sec et la finale se montre tendue et finement boisée.
Cette cuvée villages qui provient du lieu-dit « Noyer Bret » a été soutirée il y a moins d’une semaine mais se goûte parfaitement bien aujourd’hui : quel équilibre, quelle présence, quel beau vin !

Puligny Villages Les Enseignières : le nez est ouvert, épanoui, presque exubérant, sur la vanille et l’ananas frais, en bouche le côté très charmeur se confirme avec une matière gourmande qui allie gars et vivacité, la finale est bien droite avec une belle longueur aromatique.
La parcelle des Enseignières est une vieille vigne (plus de 50 ans) située sous Bâtard Montrachet, qui produit des grappes avec de très petits grains souvent bien concentrés. Cette cuvée élevée pour 20% en fûts neufs séduit d’emblée par son aromatique très expressive tout en marquant son origine par une très belle tenue en bouche. MIAM !

 

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Les deux cuvées « villages » 2010


Puligny 1° Cru Les Champs Gain : le nez est discret sur le pamplemousse et la craie, la bouche est vive avec un équilibre sec et une finale nette et pointue où persistent longuement des notes de zestes d’agrumes soutenues par de belles évocations minérales.
Ce 1°Cru situé à une altitude relativement élevée révèle sa nature minérale dès son plus jeune âge…un vin un peu austère mais de grande race.

Puligny 1° Cru Les Referts : le nez est marqué par de puissantes notes minérales (craie, silex), la bouche possède un équilibre sec mais révèle une chair étonnamment gourmande, la finale nette et assez pointue laisse apparaître quelques amers très nobles.
Comme souvent, ce 1°Cru se situe dans un registre complexe entre générosité et empreinte minérale. Hélas, le bail relatif à cette parcelle arrive à échéance à la fin de l’année…espérons que François Carillon arrivera à conserver ce beau terroir dans sa gamme de vins.

 

 

Pour la suite de la dégustation nous passons dans le chai à barriques où séjournent les cuvées 2011 qui passent leurs dernières heures dans les contenants en chêne (le soutirage est programmé le lendemain).

 

Puligny 1° Cru Les Folatières : le nez est discret et très fin sur le tilleul, le citron, la mélisse, la bouche possède un toucher bien gras, un équilibre tonique et une finale minérale avec des amers très fins.
Achetée cette année par François Carillon cette parcelle classée qui fait dorénavant partie du patrimoine de ce domaine a produit un vin à l’aromatique très raffinée et dont l’ampleur et la profondeur en bouche présagent d’un très grand potentiel de garde.

Puligny 1° Cru Les Combettes : le nez est délicat avec des notes beurrées et discrètement vanillées, la bouche est ample et juteuse avec un fruité très présent (orange) et une finale longue marquée par les épices douces.
Ce 1°Cru se livre à nous avec beaucoup d’élégance en révélant un profil très murisaltien…MIAM !

Puligny 1° Cru Les Perrières : le nez est discret sur le pomelo et la pierre chaude, la bouche est superbe avec une matière ample, un toucher très gras et une finale tendue, minérale et d’une grande longueur.
En me remémorant mes précédentes visites je me rends compte que je ne goûte pas toujours très bien ce 1°Cru à cette période de l’année mais aujourd’hui ce n’est vraiment pas le cas : plein, abouti avec un potentiel énorme…voilà le grand vin de cette très belle série de crus de Puligny.

 

Bourgogne-2012 0124Triplette de 1° crus sur le millésime 2010

 


Chassagne Montrachet 1°Cru Le Clos saint Jean : le nez est discrètement fruité et vanillé, la bouche possède une matière charnue soutenue par une structure vive et laisse s’épanouir une aromatique toujours bien fruitée et légèrement épicée.
Cette cuvée est issue d’une jeune vigne replantée sur une parcelle où le domaine produisait traditionnellement ses Chassagne rouges. On n’y retrouve pas forcément la profondeur minérale des Puligny mais le charme est évident. MIAM !

Chassagne Montrachet 1°Cru Les Macherelles : le nez est ouvert et séduisant sur le citron et l’ananas frais, la bouche très tonique développe progressivement une belle complexité aromatique.
Cet assemblage à parts égales de jeunes et de vieilles vignes nous livre un vin semblable au précédent par son côté facile d’accès et avenant mais se distingue par un petit supplément d’élégance et de complexité.
 

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Une petite pause dans le chai à barriques du domaine.

 

 

Avec le millésime 2010, la séparation du domaine Carillon en deux entités de production distinctes est définitivement établie : les nouvelles étiquettes estampillées François Carillon marquent de façon objective cette étape importante dans l’histoire de cette famille vigneronne implantée depuis plusieurs siècles à Puligny. Cependant, comme je l’ai déjà évoqué lors de mes dernières visites, cette exigence qualitative absolue qui a fait la renommée du domaine Louis Carillon et fils ne semble pas être remise en cause par ces récents bouleversements.

Après ses deux premiers millésimes « en solo », François Carillon commence à imprimer sa patte de vigneron et de vinificateur à ses cuvées :
- il s’applique à mettre la vigne en condition de la façon la plus naturelle possible pour lui permettre de produire les plus beaux raisins possible.
- il choisit des élevages longs pour laisser au vin le temps de s’affiner mais aussi de se stabiliser davantage, ce qui lui permet de limiter l’apport excessif de soufre : « Je ne suis pas un adepte des vins nature mais je refuse le matraquage des vins par le soufre…je recherche des valeurs de SO2 libre comprises entre 40 et 45 mg/l ».
- il utilise de la matière sèche de première qualité, au niveau des bouchons en particulier « nos crus sont destinés à une garde de 10 ans et plus, les bouchons doivent être parfaits ».

Après les vins de 2010 qui m’avaient fait forte impression l’année passée, le nouveau millésime en cours d’élevage m’a littéralement enchanté : les différentes cuvées dégustées ont montré de façon très nette des personnalités fortement typées par leur origine et des matières ciselées avec une précision d’orfèvre. Les vins de 2011 seront peut-être un peu plus riches que ceux du millésime précédent mais chez François Carillon, les équilibres sont parfaitement secs avec des ossatures minérales qui donnent à toutes les cuvées cette droiture recherchée par les amateurs de Puligny.
Les blancs de Chassagne que j’ai dégustés pour la première fois cette année ont constitué une très belle surprise. Lors de mes premières visites au domaine Carillon, j’avais pour habitude de goûter la cuvée de Chassagne Montrachet rouge, qui était un vin rouge solide et rustique nécessitant pas mal d’années de garde avant de se laisser approcher. Le changement de couleur sur ces parcelles a permis à François Carillon d’enrichir encore un peu sa gamme avec des vins vraiment prometteurs.

Pour 2012, notre vigneron se montre un peu fataliste « Des gelées violentes en hiver et au printemps, beaucoup d’humidité, de fortes pressions du mildiou et de l’oïdium et de très violents orages de grêle en juillet et en août…je crois qu’on a tout eu ! » mais le moral reste au beau fixe : il accepte ces aléas de la nature qui font partie intégrante de la vie d’un vigneron.
Personnellement je suis convaincu qu’il réussira de grands vins cette année…mais il n’y en aura peut-être pas pour tout le monde !

Merci à François Carillon pour cette superbe visite…et vivement l’année prochaine !

 

 

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Les Bienvenues-Bâtard et Puligny vus de la route vers Chassagne…

 
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...et notre point de chute pour le soir à Santenay : une adresse hautement recommandable pour son bon rapport Q/P et sa carte des vins qui fait vraiment la part belle aux crus du secteur…ah si les restaurant d’Alsace pouvaient en prendre de la graine !!!

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  • : Vins, vignobles et vignerons.
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Bonjour à tous

Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.

 

Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :

rencontres avec de belles bouteilles pour le plaisir des sens et la magie de l’instant,

rencontres avec des amis partageant la même passion pour la richesse des échanges et les moments de convivialité inoubliables,

rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.

 

J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.

Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.

Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.

 

Merci à tous ceux qui viennent me rendre visite.

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