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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 10:15



Avec l’âge, je me rends compte que j’aime de plus en plus ces habitudes qui ponctuent le cours du temps en me donnant la trompeuse impression d’un défilement un peu moins rapide des années.
Depuis près de deux décennies, ce périple bourguignon fait partie des virgules temporelles indispensables à mon bien-être : ces quelques jours dans le vignoble de la Côte d’Or me permettent d’envisager la fin de mes vacances estivales avec sérénité, gonflé d’une énergie positive nécessaire pour entamer cette nouvelle année scolaire.
Comme nos deux jeunes membres du club A.O.C. qui nous avaient accompagnés en 2011 étaient retenus en Alsace pour des raisons familiales ou professionnelles, nous voilà « on the road again » dans notre formation habituelle : en duo avec Martial, l’inventeur du béton au riesling.
Le programme de cette année est assez conséquent : trois étapes traditionnelles – Murat, Carillon et Castagnier – et trois nouvelles adresses – Carré, Rion et Chicotot.
Hoppla c’est parti !



Jour 1. : domaine Hervé Murat à Concoeur


La traversée du secteur des Grands Crus de Vosne par la petite route qui monte à Concoeur nous montre des vignes relativement belles mais très peu chargées en raisins par endroits. Cette impression visuelle assez inquiétante va hélas être confirmée par tous les vignerons que nous allons rencontrer par la suite : 2012 s’annonce comme un millésime peu généreux…difficile pour les producteurs et sûrement aussi pour les clients qui peineront à trouver certains vins sur le marché !
Hervé Murat nous attend près de ses futures installations en construction et nous propose de faire une rapide visite du chantier avant la dégustation.

 

Bourgogne-2012 0082Le chai qui sera complètement enterré est terminé et l’espace cuverie du rez-de-chaussée est en cours de réalisation.

 

Dès le prochain millésime Hervé bénéficiera de ce bel outil pour travailler dans des espaces plus spacieux et plus fonctionnels, mais pour 2012, il va falloir qu’il se contente des anciens locaux pour faire ses vins.
Malgré le soleil qui brille depuis plusieurs jours, notre vigneron est inquiet pour sa vendange : « Cette année on a tout eu, gel, mildiou, grêle…il ne manque plus que des attaques de botrytis ! ».
Pour l’heure, la vigne se tient bien même s’il n’y a que peu de fruits : le millésime s’annonce prometteur au niveau qualitatif mais les rendements seront historiquement bas.


Nous nous rendons dans la petite cave où reposent les barriques contenant les vins du millésime 2011, pour déguster quelques cuvées en cours d’élevage.

 

Bourgogne-2012 0084Hervé Murat un peu pensif…on le serait à moins !

 

Hautes Côtes de Nuits Les Herbues : le nez est fin sur les fruits rouges (fraise) la bouche est élégante et bien charnue avec une finale nette et bien équilibrée où on perçoit des notes fruitées et légèrement chocolatées.
Avec sa belle matière et sa silhouette déjà joliment dessinée ce vin se montre très gourmand dès son plus jeune âge.

Hautes Côtes de Nuits Le Clos Duc : le nez est discret sur un registre assez proche du précédent, la bouche est un peu plus concentrée avec une matière toujours très bien équilibrée et une finale plus longue qui développe de belles notes de framboise.
Plus dense et plus de séveux que les Herbues ce Clos Duc nous apporte une fois de plus la preuve que ces terroirs des hautes côtes peuvent générer de bien belles cuvées. MIAM !
 

 

Morey Saint Denis Le Village : le nez est discret, la matière est riche avec un côté très charnu (presque charnel…) apporté par une belle trame tannique souple et élégante, la finale est délicatement acidulée.
Avec ce Morey, on redescend vers les coteaux plus réputés de la Côte de Nuits pour découvrir un vin tout en retenue avec une aromatique encore bien timide mais une présence en bouche pleine de belles promesses.

Chambolle Musigny Les Echézeaux : le nez est élégant et aérien sur un registre floral (violette) déjà bien défini, la bouche est juteuse et bien équilibrée, la finale est fraîche avec un fruité très agréable qui commence à se montrer.
Après un Morey plutôt masculin, voici un vin tout en grâce et en distinction…sur ce millésime, l’image classique et parfois galvaudée de la féminité du Chambolle est justifiée. MIAM !

Nous finissons cette série par une cuvée que je découvre pour la première fois cette année :

Hautes Côtes de Nuits Cuvée Marius 2010 : le nez est assez discret sur un registre floral, la bouche est dense et volumineuse, la finale encore un peu anguleuse possède une belle longueur en développant d’élégantes notes de cassis et d’épices.
Cette cuvée est issue du Clos Duc mais est élevée 26 mois en demi-muid est un vin travaillé pour la garde. L’équilibre actuel est encore un peu austère mais le corps est assez athlétique pour supporter avec bonheur quelques années de vieillissement qui lisseront ces aspérités…Je crois bien que Marius, le fils d’Hervé, se régalera avec ces bouteilles, lorsqu’il sera en âge d’apprécier le vin !


Nous enchaînons par un tour d’horizon du millésime 2010 en bouteilles :

Hautes Côtes de Nuits Les Herbues : le nez est finement fruité (groseille) la bouche est vive avec une tension palpable et une belle présence aromatique en finale.
Comme nous le verrons par la suite chez Hervé Murat, les vins de 2010 se caractérisent par un fruité bien frais et une présence en bouche très tonique. Ce HCN est encore un peu serré mais dispose d’une jolie matière.

 

Bourgogne-2012 0129

 


Hautes Côtes de Nuits Le Clos Duc : le nez est plus ouvert que sur les Herbues avec un fruité plus mûr et une légère touche fumée, en bouche la chair est élégante mais la tension repérée sur la cuvée précédente est bien là, la finale est longue mais un peu tannique.
Plus ouvert au nez mais plus verrouillé en bouche, ce Clos Duc devra attendre en cave pour trouver son harmonie…le 2009 et le 2011 (et peut-être même le 2012) seront là pour nous faire patienter…

Chambolle Musigny Les Echézeaux : le nez est ouvert avec un côté très gourmand sur les fruits noirs (cassis) complétés par une touche florale discrète, en bouche l’attaque est pleine de rondeur avant de revenir sur une structure plus vive avec une acidité très large, la finale est nette et longuement aromatique.
Malgré une vivacité bien présente ce Chambolle se montre déjà très flatteur...voilà une bouteille très polyvalente : on y trouve déjà beaucoup d’agrément aujourd’hui mais son corps solidement charpenté est taillé pour évoluer favorablement quelques années.

 

Bourgogne-2012 0128

 


Nuits Saint Georges La Petite Charmotte : le nez très discret est encore difficile à définir mais il laisse une belle impression de pureté, en bouche l’attaque est franche et le fruit commence à s’épanouir, l’équilibre est magnifique et la finale reste dans cette ligne très élégante par sa netteté et sa fraîcheur.
Découvert l’année passé ce vin joue la carte de la noblesse et de la distinction : il ne se donne pas au premier venu mais possède une classe presque aristocratique qui va s’affirmer avec quelques années de vieillissement. En tous cas, comme pour le millésime 2009 ce Nuits m’a pleinement séduit…Très belle cuvée !

Morey Saint Denis Le Village : très discret à l’ouverture le nez révèle quelques belles notes florales après oxygénation, la silhouette en bouche est toute en élégance, la finale délicatement acidulée laisse persister un sillage aromatique finement épicé.
Décidément, ce millésime est bien particulier ! Cette cuvée de Morey qui se montre d’habitude la plus fermée de la série se goûte parfaitement bien aujourd’hui : l’aromatique est en train de se dessiner et la présence en bouche est déjà plus qu’avenante…Etonnant !

 

Bourgogne-2012 0126

 


Morey Saint Denis 1° Cru Les Charrières : le nez est peu causant mais la bouche montre un côté très charnu avec un toucher superbe et une expression aromatique qui se révèle progressivement et qui persiste longuement en finale en révélant quelques belles notes minérales.
Pour l’heure ce premier cru se montre surtout en bouche avec une texture raffinée et la marque du terroir qui commence à s’imprimer. A attendre, évidemment…

Beaune 1° Cru Les Tuvilains : la robe dénote un peu dans la série par son côté diaphane, le nez est encore sur la retenue mais en bouche le vin se livre en développant une belle matière et une présence aromatique joliment fruitée.
L’intensité de la robe marque nettement le changement de côte mais en bouche ce Beaune tient son rang et sa place dans cette série. Gourmand !

Vosne Romanée Les Champs Perdrix : le nez s’ouvre sur des notes de fruits noirs et d’épices, la bouche est volumineuse avec une charpente solide et une belle tension, la finale particulièrement longue révèle des notes fruitées et cacaotées.
Je n’ai pas relu toutes mes notes sur le domaine mais je crois bien que c’est la première fois que je déguste cette cuvée. Issue d’un lieu-dit situé en hauteur dans le voisinage des grands crus La Romanée ou La Grand Rue ce Vosne est splendide…la belle découverte de cette année au domaine Murat !

 

Bourgogne-2012 0125

 


Pour finir nous revenons sur 2009 avec un Hautes Côtes de Nuits Cuvée Marius : le nez est plus épanoui avec une palette séduisante sur la griotte et les épices, la bouche est ronde, veloutée mais solidement charpentée, la finale est assez longue et finement boisée.
Cette cuvée dédiée au fils d’Hervé Murat possède un charme naturel et évident comme pas mal de vins issus de ce millésime. Il se distingue néanmoins par une présence en bouche généreuse et onctueuse assise sur une ossature solide. Ce HCN pourra arroser facilement quelques anniversaires du petit Marius !

 


Bourgogne-2012 0127
Une étiquette qui va surement faire de l’effet du côté de Vallon Pont d’Arc…
 

 

Le point final de cette belle série sera posé avec la cuvée rare du domaine, le Hautes Côtes de Nuits Blanc 2010 : le nez est vif et fin avec des notes de citron et de fleurs, la bouche est assez souple et légère avec une acidité qui s’élargit progressivement pour redonner une belle énergie à la finale.
Cette cuvée confidentielle issue à 100% de pinot blanc est un vin franc et charmeur, mais avec ce cépage que je connais très bien sous d’autres cieux je n’ai pas réussi à réinitialiser mon référentiel pour l’apprécier à sa juste mesure…à croire que lorsqu’on chasse sur son terrain le palais alsacien peut se montrer un peu chauvin.
Mea Culpa !


Cette nouvelle visite au domaine Murat nous a comblé une fois de plus, autant par la qualité de l’accueil que par celle des vins.
Hervé Murat fait son chemin avec la patience des hommes sages, construisant petit à petit une exploitation viticole de haut niveau dans le hameau de Concoeur, avec comme projet de porter au plus haut les vins des hautes côtes et comme ambition de pouvoir continuer à travailler des terroirs prestigieux sur les coteaux nuitons.
Sur 2010 les vins du domaine sont purs et droits avec des équilibres un peu plus classiques que sur 2009. A 11 heures du matin, juste après le café croissant sur la placette de Nuits Saint Georges, les premières gorgées sont quelque peu rudes mais par la suite tout n’est que bonheur immédiat ou belles promesses pour les années à venir.
2011 s’annonce un poil plus riche avec des matières situées entre l’exubérance des 2009 et la nervosité des 2010.
Ceci dit, j’ai l’impression que sur ces derniers millésimes les vins d’Hervé Murat ont beaucoup gagné en justesse en ce qui concerne l’extraction et l’élevage. Il va sans dire que la mise en service de son nouvel outil de production va permettre à ce jeune vigneron de continuer sa progression…Vivement les prochains millésimes !
Mille mercis à Hervé pour sa disponibilité.

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Bonjour à tous

Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.

 

Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :

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rencontres avec des amis partageant la même passion pour la richesse des échanges et les moments de convivialité inoubliables,

rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.

 

J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.

Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.

Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.

 

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