Article paru dans les DNA du 16 avril 2011
Un vin fait uniquement à partir de jus de raisin...quelle idée saugrenue !!!!!
Article paru dans les DNA du 16 avril 2011
Un vin fait uniquement à partir de jus de raisin...quelle idée saugrenue !!!!!
Voici un tarif de vins d’Alsace de la maison Lorentz, datant de l’après-guerre. Il avait été conservé dans des archives familiales, en Bourgogne (Chalon sur Saône),
par la tante de mon épouse. Comme quoi !
D’après mes renseignements le lieu dit « Clos des Templiers » correspondrait au Grand Cu Kanzlerberg.
La maison Lorentz commercialisait déjà 5 cuvées sous ce nom à l’époque.
Pour les prix : ils sont bien sûr en anciens francs et en se référant aux indices de conversion de l’INSEE cela équivaut aujourd’hui à :
- 5.5 euros pour le sylvaner
- 6.5 euros pour le pinot banc
- entre 7 et 8 euros pour les muscat, riesling et traminer
- entre 8 et 9 euros pour les cuvées du Clos des Templiers
- 9.5 euros pour le pinot noir
- près de 10 euros pour le riesling réserve du Clos des Templiers
- près de 11 euros pour les vins de 1945.
A bien y regarder on peut constater que les vins de Bergheim se vendaient déjà à bon prix il y a plus de 60 ans…
Déjà un an... mais tant qu'il y aura des mecs pour écrire des textes comme celui-ci, la mort ne gagnera jamais !
Dégustez ça avec moi, sans modération...même si vous n'étiez pas aussi sensibles que moi au charme troublant de la poésie du grand Bashung.
Lors d’un petit retour en arrière sur mes notes de l’année écoulée, j’ai pris conscience que, d’après le contenu de mes commentaires, j’étais un dégustateur qui ne
buvait que de très bons vins : conséquence d’une propension au dithyrambe gratuit, liée à mon grand âge…éventuellement, chance éhontée dans le choix de mes
bouteilles…peut-être !
Ces hypothèses si peu flatteuses à mon égard ont surement leur part de vérité (hélas…), néanmoins je vais quand même essayer de vous livrer quelques explications
plus personnelles sur la manière dont je conçois ma pratique d’œnophile et de bloggeur vinique.
En premier lieu, je voudrais préciser que je ne rédige pas de compte-rendu sur tous les vins que je goûte : ma vitesse d’écriture étant inversement
proportionnelle à la vitesse à laquelle je vide ma cave, le rapport exhaustif de mes aventures viniques monopoliserait l’intégralité du temps libre que m’octroie l’Education Nationale.
Je suis donc obligé de sélectionner les bouteilles qui feront l’objet de mes élucubrations.
Pour ce faire, j’utilise un critère très simple : si je n’aime pas un vin, je m’interdis d’écrire une ligne à son sujet. Cela va de soi pour certains, vraiment
mauvais, qui ne méritent pas qu’on en parle (mais à vrai dire, j’en croise très peu…) mais cela s’applique aussi à d’autres, bien plus nombreux, qui sont certainement bien faits mais qui auront
été desservis par un contexte, une ambiance et se présenteront à moi sans charme et parfois même sans intérêt. Dans ces conditions, je ne vois pas comment, avec ma seule légitimité de critique
amateur autoproclamé, je pourrais, d’un coup de plume, torpiller le produit du travail d’un vigneron sans avoir essayé de comprendre sa conception du vin.
Le vin n’est pas une boisson comme une autre (pour ceux qui en doutent, allez faire un tour chez Jean-Robert Pitte), c’est un objet de culture dont la pleine jouissance
demande parfois certaines connaissances. Pour moi, la démarche d’œnophile est une démarche d’apprentissage permanent, dans les livres, les clubs de dégustation, les forums (DC étant une source de
très bon niveau, faut-il le rappeler…), mais surtout sur le terrain avec les vignerons.
Lorsque je suis en face d’une bouteille qui me laisse perplexe, je me demande toujours si je suis assez informé pour l’apprécier pleinement… en général, l’envie
d’écrire des sentences définitives sur sa qualité me passe très vite.
En second lieu, je doute que le seul fait de publier des articles sur un site qui s’appelle degustateurs.com, me confère le statut de dégustateur…
D’ailleurs, lorsque j’entends parler de la vie de ces stakhanovistes du crachoir, je suis très heureux de me retrouver à ma place et de profiter de leurs travaux de
défrichage pour choisir sereinement les vins que je vais goûter ou les vignerons que je vais rencontrer.
Je me souviens de ces temps anciens, où je partais à la découverte d’un vignoble sans guide et où je me retrouvais dans des caves choisies au hasard de la route. Je
dégustais des vins qui, l’ambiance aidant (je ne crachais pas à l’époque), me semblaient remarquables mais qui, une fois de retour au bercail, se montraient beaucoup moins à leur
avantage…
Dieu merci, ce genre de mésaventure est devenue beaucoup plus rare à l’heure actuelle !
Les dégustateurs goûtent évaluent et hiérarchisent, c’est leur travail qui permet à l’amateur de se retrouver dans le dédale de l’offre vinique actuelle.
Moi je parle de vins, de vignerons, de régions qui me plaisent, c’est ma manière de prolonger les émotions liées à ces rencontres et de pérenniser quelques beaux
souvenirs…
Plaisir de goûter, plaisir d’écrire et plaisir de pouvoir partager ces émotions avec vous…
3 raisons de ne boire que du bon vin.
A la bonne votre !
Le soleil est de retour sur les coteaux de la Couronne d’Or, les arcures sont bien en place, sur les parcelles exposées au sud on voit pointer les premières
feuilles…bref c’est le moment idéal pour le promeneur œnophile d’aller s’oxygéner sainement sur les pentes du vignoble alsacien.
L’Altenberg de Wolxheim
Une partie de l’Engelberg
Un peu de philosophie sur le sentier viticole de l’Altenberg de Wolxheim
Le hasard a voulu que quelques jours après notre dégustation de vins blancs autrichiens (CR ICI), je me retrouve dans ce beau pays pour un séjour dans un hôtel du
Stubaital.
Je vous ai déjà parlé de l’Autriche LA : l’exceptionnelle qualité de leurs prestations hôtelières force l’admiration et
le niveau de certains de leurs vins peut surprendre chaque amateur.
La neige de printemps est exceptionnelle sur le glacier du Stubai, la météo est super et l’Hôtel Edelweiss nous bichonne…je ne suis pas sûr de déguster de façon complètement objective mais
bon…
Le glacier vu de l’hôtel
Le paradis de la glisse
Bon, assez rêvé, passons aux choses sérieuses et revenons au sujet qui nous intéresse et nous rassemble sur cet espace. L’Autriche n’est pas qu’un pays de ski et de skieurs, on y trouve des
vignobles magnifiques, des vignerons de haut vol et des espaces de ventes dignes des plus belles régions viticoles.
La vinothèque de Neustift im Stubaital
On y rencontre aussi des amateurs érudits et cultivés comme Ernst, notre sommelier avec qui j’ai eu le plaisir de partager de beaux moments autour de la chose vinique, notamment une
passionnante séquence de dégustation au bar de l’hôtel avec 2 grandissimes bouteilles de F.X. Pichler comme point d’orgue.
Voici le report des quelques notes prises durant ce séjour :
Zweigelt Fuchsloch Barriques 2007 – G. Tschida à Apetlon (BURGENLAND)
Le nez est sur les fruits rouges avec un léger fumé, la bouche est souple et gourmande avec un fruit intense et un joli gras, la finale est fraîche et discrètement boisée.
Un vin rouge simple mais terriblement bien conçu, issu d’un terroir situé près de la frontière hongroise et vinifié par G. Tschida. Le zweigelt est un cépage
typiquement autrichien issu du croisement entre le blaufrankisch (apparenté au gamay) et le saint Laurent (apparenté au pinot noir).
Imperial 2OO7 – Schloss Halbturn à Halbturn – (BURGENLAND)
Le fruité est pur et précis avec beaucoup de fruits noirs (mûre, myrtille), quelques notes de torréfaction et de tabac complètent cette palette raffinée, la bouche est volumineuse et donne une
impression de rondeur malgré une mâche tannique conséquente, la finale est longue et finement réglissée.
Cette cuvée est produite par un assemblage de cabernet sauvignon, de cabernet franc, de merlot et de blaufränkisch récoltés sur un terroir de graves rouges et de
sédiments calcaires et élevés 14 mois en barriques bordelaises.
Ce vin est gourmand et frais mais sa belle structure laisse présager un très beau potentiel de garde.
Harterberg 2006 – L. Aumann à Tribuswinkel (THERMENREGION)
Le nez est direct, intense et immédiatement charmeur avec des notes torréfiées qui font rapidement place à des arômes de cerise noire et d’épices, après aération on décèle quelques nuances
florales très élégantes, la bouche est soyeuse et bien juteuse avec des tanins souples en finale, la longueur est moyenne mais offre une beau retour fruité sur la cerise.
Issu d’un assemblage de 40% de cabernet sauvignon de 40% de merlot et de 20% de Zweigelt et élevé 20 mois en barriques neuves, ce vin étonne et séduit par sa
charpente solide mais tout en rondeur et son incroyable richesse aromatique.
Mon tiercé gagnant en rouge…
Grüner Veltliner Smaragd 2006 – F.X. Pichler à Loiben (WACHAU)
Le nez possède un fruité puissant sur la pêche jaune et l’abricot puis quelques évocations florales discrètes viennent compléter cette palette très pure (et pourtant le millésime…en France du
moins !), la bouche est somptueuse d’ampleur et de gras, le fruit reste présent mais le poivre fait son apparition et marque la longue finale qui laisse une belle impression de
fraîcheur.
Noté 94/100 par David Schildknecht, ce vin est un modèle de richesse et d’équilibre, il se goûte sec mais possède une rondeur qui le rend terriblement séduisant.
Un cru immense qui se livre sans chichis avec une belle authenticité.
Riesling Smaragd 2004 – F.X. Pichler à Loiben (WACHAU)
Le nez s’ouvre sur quelques notes terpéniques qui font rapidement place à un fruité pur et gourmand sur la pèche blanche et le miel de forêt, la bouche est suave, l’équilibre est sec mais la
structure est bien déliée, la vivacité revient en finale pour laisser une belle impression de fraîcheur et de profondeur.
Un vin exceptionnel à plus d’un titre…attention, je vais sérieusement m’écorcher la bouche : « C’est l’un des meilleurs riesling qu’il m’ait été donné
de boire sur ce millésime ! » Que dire de plus !
La Romanée Conti autrichienne d’après R. Parker…
Pour conclure :
- Comme je l’ai déjà évoqué plus haut, je ne suis pas forcément objectif sur ce sujet mais il faut se rendre à l’évidence : le vignoble autrichien est riche de nombreux terroirs remarquables
et de grands domaines mondialement reconnus (Pichler est comparé aux plus grands domaines français par la critique internationale) qui pratiquent une viticulture de très haut
niveau.
- Les vins rouges que j’ai pu goûter jusqu’ici m’ont particulièrement séduit par leur équilibre et leur grand pouvoir de séduction.
- Les 2 blancs commentés ci-dessus sont sans aucune comparaison avec les vins dégustés lors de la session AOC relatée ICI…pour faire court : ce Riesling et ce Grüner Veltliner font partie de
mes grandes rencontres viniques de ces dernières années !
- La question du vieillissement de ces cuvées reste ouverte, je n’ai pas encore goûté de vieux rouges ou de vieux blancs autrichiens, mais avec des vins jeunes aussi complets, on ne peut qu’être
confiant…
- Le seul bémol se situerait au niveau des tarifs : la gamme basique des vins rouges se situe autour de 10 à 12 euros mais certaines cuvées peuvent s’envoler rapidement au dessus de 30
euros. Pour les blancs de Pichler on est autour de 50 euros la quille, mais bon, ces vins sont réservés d’une année à l’autre par les amateurs du monde entier… tout va
bien !
Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.
Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :
rencontres avec de belles bouteilles pour le plaisir des sens et la magie de l’instant,
rencontres avec des amis partageant la même passion pour la richesse des échanges et les moments de convivialité inoubliables,
rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.
J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.
Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.
Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.
Merci à tous ceux qui viennent me rendre visite.
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