Incontournable pour tout œnophile passionné de vins d’Alsace, l’édition 2011 de la Présentation des Grands Crus, a tenu toutes ses
promesses. Après une délocalisation à Strasbourg en 2009, cette manifestation a retrouvé comme l’année passée le cadre solennel du Château de Kientzheim : siège de la Confrérie Saint Etienne
ce magnifique édifice situé à l’entrée de la ville est devenu le haut lieu de la pensée vinique alsacienne.
Quel meilleur endroit pour promouvoir ce que nos multiples terroirs ont produit de meilleur ces dernières
années !
En ce dimanche après-midi de la mi-novembre, les vignerons, répartis par secteurs viticoles sur les 3 niveaux de l’édifice,
recevaient les amateurs de vins pour leur faire découvrir quelques uns des fleurons de leur production.
En compagnie d’Eric et de Guy, deux comparses du club A.O.C., nous montons et descendons allègrement les étages du château pour
rendre visite à quelques uns des 60 producteurs participant à cette manifestation…Epuisant !
Je ne prends pas de notes détaillées sur tous les vins dégustés (je sais ça commence à devenir une très mauvaise habitude…) mais, au fil des rencontres avec des
vins et des vignerons durant cette demi-journée, j’ai pu dégager quelques impressions personnelles qu’il me semble intéressant de partager avec vous.
1. A propos des millésimes :
- 2010 est un millésime frais qui a donné naissance à des crus aux acidités puissantes (parfois plus de 10 g A.T.). Dans leur jeunesse, ces vins
peuvent heurter les âmes et les palais sensibles, mais dans les grands terroirs mis en valeur par de grands vignerons on y trouve des cuvées pleinement abouties qui sont taillées pour défier le
temps.
- 2009 est un millésime beaucoup plus solaire qui a engendré des vins généreux et faciles à goûter dans leur jeunesse mais qui aujourd’hui peuvent
se montrer beaucoup plus difficiles à approcher. J’ai l’impression qu’à l’instar des 2007 qui commencent à sortir de leur coquille actuellement, il faudra oublier ces vins quelques temps pour
leur permettre d’harmoniser leur matière.
- un peu sous-évalué (à tort bien sûr…) par rapport à 2007, au moment de sa sortie, 2008 est le millésime qui se goûte le mieux actuellement…on y
trouve de vraies pépites à ne rater sous aucun prétexte.
2. A propos des vins présentés :
- les Rieslings ont constitué le thème central de notre parcours de dégustation (étonnant,
non… !) avec au bout du compte des confirmations attendues au niveau de la qualité des vins proposés : les domaines Schoffit et Zind-Humbrecht nous proposent des
Rangen 2010 exceptionnels, le Sommerberg 2010 de Bernard Schoffit est étonnant de finesse et de
pureté, celui de Paul Buecher, tonique et généreux est également une grande réussite, le Hengst 2010 de
Josmeyer et l’Osterberg 2010 d’Etienne Sipp (domaine L. Sipp) se présentent avec une
distinction et une profondeur qu’on ne trouve que dans de très grands vins.
Lorsqu’on se retrouve au caveau et qu’on y trouve côte à côte, presque tous les vignerons leaders de la Couronne d’Or, on ne sait vraiment
plus par où commencer…Les visions de l’Engelberg 2010 de Jean-Marie Bechtold ou de Mélanie
Pfister ne sont pas forcément comparables mais sur ce millésime leurs rieslings sont des « must » entre lesquels il sera difficile de choisir. Bruno Schloegel
(domaine C. LIssner) a travaillé son Altenberg de Wolxheim en recherchant l’expression saline la plus pure
possible, son 2010 ne se goute pas trop facilement aujourd’hui mais son 2008 arrivé dans sa phase de plénitude est absolument incontournable. Pour terminer la force tranquille du Bruderthal 2010 déclinée dans un riesling déjà bien en place par Gérard Neumeyer, nous fait une très belle
conclusion sur cette série consacrée à notre cépage fétiche.
- je pense que 2010 va réconcilier plus d’un amateur de vins d’Alsace avec le Pinot Gris : cet après-midi le Rangen de Bernard
Schoffit et le Mambourg du domaine Maurice Schoech nous ont fait regretter de ne pas avoir assez de
temps pour faire un tour plus complet de la production sur ce cépage. Digestes et d’une distinction aromatique rare ces vins sont des séducteurs absolus tout en étant taillés pour la garde…que
demander de plus à un vin ?
- pour le Gewurztraminer, je n’ai pas goûté assez de vins pour comparer et hiérarchiser mais
je ne résisterai pas à mon envie de citer le magnifique Kaefferkopf 2010 du domaine Schoech qui, comme
l’année passée, m’a littéralement mis sur le derrière…je pense avoir trouvé mon vigneron référent pour traiter ce Grand Cru prochainement !
3. A propos des vignerons :
Après une demi-journée comme celle-ci, je ne peux que mesurer combien l’œnophile alsacien est chanceux d’habiter dans une région où on trouve tant de bons vignerons
aimables, souriants et toujours disponibles pour partager quelques instants de convivialité autour d’un bon verre de vin avec les amateurs qui viennent leur rendre visite.
Certains sont très volubiles avec un discours militant (suivez mon regard….) et d’autres se montrent plus posés et plus modérés dans leur idées…mais tous unis dans
le but de promouvoir le vignoble alsacien et ses grands crus.
Respect Messieurs !