Comme l’année passée, j’ai profité de mon séjour à Grospierres (07)
pour faire une visite expresse dans le vignoble autour des Dentelles de Montmirail en compagnie de l’ami Cyril. A la fois cycliste confirmé et œnophile passionné, cet ardèchois est un guide de
premier choix : il connaît parfaitement les routes qui serpentent à travers ces superbes paysages au pied du Mont Ventoux mais aussi un bon nombre de caves où il fait bon s’arrêter pour
déguster les meilleurs crus locaux.
Les Dentelles d’un côté…
…et le Ventoux de l’autre, le Paradis ne doit pas être très loin !
Après Beaumes de Venise, c’est la montée vers le Col de Suzette où nous dépassons de nombreux cyclistes qui profitent des
dernières fraîcheurs matinales pour se chauffer les jambes sur cette très belle route (ceci dit, elle est belle pour moi parce que je suis assis dans une voiture…sur un vélo je crois que
j’apprécierai nettement moins le paysage !). Arrivés à la « Ferme Saint Martin », la vue est toujours aussi splendide et je ne peux m’empêcher de refaire les mêmes photos que
l’année passée avant de pénétrer dans le caveau de dégustation du domaine.
Suzette vu de la Ferme Saint Martin…version 2012
Comme l’année passée nous sommes reçus par mademoiselle Jullien toujours aussi sympathique dans un caveau toujours aussi
accueillant et une gamme de vins proposant 3 couleurs et 3 A.O.C. toujours aussi belle…je crois que je suis en train de développer une addiction !
Une partie du caveau est dédiée à des expositions d’œuvres d’art.
C’est parti pour un nouveau tour complet des cuvées proposées à la vente actuellement :
Rosé d’Entrevon – Ventoux 2011 : le nez est assez discret mais très fin avec des
notes florales sur fond de bonbon acidulé, la bouche est gourmande avec un équilibre sec et une finale très dynamique qui réveille bien les papilles.
Avec une palette plus subtile et un équilibre plus vif que sur 2010, cet assemblage à parts égales de grenache, cinsault et syrah
est toujours aussi charmeur et désaltérant. Un rosé d’été fin et précis…super !
Les Romanins – Côtes du Rhône 2011 : le nez est fin et discret sur la cerise
bigarreau et les herbes de garrigue, la bouche se montre assez charpentée avec un équilibre frais et une finale où les tanins sont assez présents.
Assemblage de jeunes vignes de grenache (80%) et de syrah (20%) sur le terroir de Beaumes de Venise ce vin séduit par une palette
aromatique très raffinée mais reste encore un peu dur en fin de bouche. J’ai un peu la même sensation que lors de la dégustation des cuvées rouges des Bernardins…sur le moment je ne saurai pas
dire si cette sensation est due à une caractéristique du millésime ou à mon incapacité personnelle de goûter correctement ce type de vin en matinée…
Gageons que la suite de la série nous apportera quelques éléments de réponse.
La Gérine – Ventoux 2011 : le nez est flatteur sur la cerise noire, le noyau et
l’amande douce, la bouche est charnue avec une matière assez concentrée et une finale marquée par une légère présence tannique, beaucoup de fraîcheur et des arômes de réglisse
persistants.
Issue d’un assemblage de grenache (50%), cinsault (25%) et carignan (25%) récoltés sur le terroir de Saint Hippolyte le Graveyron,
cette cuvée rouge est l’œuvre du fils Jullien qui a choisi une vinification en macération carbonique pour apporter ce côté fringant et croquant à ce vin particulièrement séduisant.
Joli !
Les Estaillades – Ventoux 2011 : l’olfaction est complexe sur les fruits noirs et les
épices, en bouche la matière est dense, les tanins sont serrés mais très fins et la finale bien longue révèle de jolies notes d’herbes aromatiques méridionales.
Issu de grenaches (95%) et de cinsaults (5%) récoltés sur le secteur de Barroux ce très beau vin flatte les sens par sa subtile
palette très typée « sud » et son équilibre très gourmand en bouche…MIAM !
L’espace de dégustation du domaine de la Ferme Saint Martin…chaleureux et convivial.
Les Terres Jaunes – Beaumes de Venise 2011 : le nez est raffiné avec un fruité
épanoui et quelques notes réglissées, la bouche possède un côté rond et glissant très agréable, les tanins sont présents mais enrobés par une matière assez généreuse, la finale est bien longue et
légèrement marquée par un pointe alcooleuse.
Issue d’un assemblage de grenache (80%) et de syrah (20%) récoltés sur des parcelles argilo-calcaires situées autour du domaine,
cette cuvée se montre immédiatement plus puissante que sur 2010 et cette dégustation très matinale laisse une petite impression de chaleur en finale mais la bouteille ouverte le lendemain pour
accompagner un dîner estival était superbe d’élégance et de gourmandise…Rassuré !
Saint Martin – Beaumes de Venise 2010 : le nez s’ouvre su des notes de fumée avant de
laisser place à une palette très avenante sur la cerise, la pêche de vigne et les herbes de garrigue, la bouche est charnue et concentrée avec une trame tannique assez virile et une finale
discrètement boisée.
Cette cuvée conçue à partir d’un assemblage de très vieilles vignes (entre 75 et 100 ans) de grenache (90%) et de syrah (10%)
élevé en partie en foudres est le vin de la gamme qui doit vieillir un peu avant de se livrer pleinement… d’ailleurs le Saint Martin 2007 dégusté quelques jours plus tard avec mon compagnon
d’échappée était simplement parfait !
Costancia – CDR Beaumes de Venise 2010 : l’olfaction est très expressive sur les
fruits noirs très mûrs (cassis, myrtille), l’amande douce et une pointe de genièvre, la bouche se livre très facilement avec une texture très soyeuse, la matière est très juteuse et le grain
tannique d’une belle finesse, la finale est longuement aromatique et délicatement acidulée.
Cet assemblage à parts égales de syrah et de grenache récoltés sur les terroirs d’éboulis calcaires sous les Dentelles de
Montmirail est élevé pour une partie en barriques de chêne. Cette très belle cuvée haut de gamme est construite pour durer dans le temps mais son charme actuel presque irrésistible donne un côté
cornélien à ce choix…mais je vais quand même essayer de sauver une ou deux bouteilles de l’infanticide !
Fleur de Terroir – Côtes du Rhône blanc 2010 : le nez est intense et très flatteur
sur les agrumes mûrs avec une fine touche boisée, en bouche l’attaque est vive et la matière bien charnue garde un équilibre plein de peps, la finale est nette et prolonge l’aromatique du nez
avec un sillage assez long sur le pamplemousse.
La « surprise » de l’année dernière tient son rang sur le millésime 2010 : cet assemblage à parts égales de
roussane et de clairette est plein d’énergie et de gourmandise. Voilà un blanc sudiste qui parle avec un accent q’un alsaco comprend sans efforts…Etonnant, non… ?
- Crée en 1964 sur les vestiges d’un ancien édifice religieux du XII° siècle (le couvent ou la chapelle Saint Martin) ce
domaine exploite 23 hectares de vignes plantées entre forêts et garrigues au pied des Dentelles de Montmirail. La famille Julien pratique une viticulture exigeante pour récolter une matière
première de qualité irréprochable : culture bio, vendanges manuelles, tries sévères et égrappage total. La récolte de raisins parfaitement sains et mûrs permet à ces vignerons d’élaborer
leurs cuvées avec des processus de vinification très naturels : pas d’intrants en cave et un sulfitage minimal à la mise (10 à 20 mg/l selon les cuvées).
D’accord, j’ai repris mon paragraphe de l’année passée…mais c’est les vacances quand
même !!!
- Sur 2011 les vins montrent des équilibres toujours aussi frais et dynamiques même si les matières semblent un peu plus
solides. D’après mes impressions personnelles, les rouges demanderont un léger carafage ou un accompagnement culinaire parfumé aux senteurs méridionales pour nous procurer un maximum de plaisir
dès aujourd’hui. Les chanceux qui ont de la place dans leur cave peuvent choisir quelques références de cette jolie gamme pour les faire vieillir et profiter de leur phase de plénitude dans
quelques années (de 3 à 7 ans selon la cuvée). Sur 2010 Saint Martin demandera le même traitement que les 2011 par contre, Costancia et Fleur de Terroir sont presque irrésistibles à l’heure
actuelle…MIAM !!!
- Pour les coups de cœur, j’ai simplement envie d’en octroyer un ENORME au domaine dans son ensemble pour la qualité du
travail, de l’accueil et des vins, pour la sagesse des prix pratiqués, pour la beauté du site…et bien d’autres choses encore qui me feront y revenir l’année prochaine et qui, je l’espère
donneront envie à plein d’œnophiles d’aller faire un crochet derrière les Dentelles pour visiter ce petit coin de Paradis.
La ferme Saint Martin sous le soleil généreux du mois de juillet 2012.