Après avoir livré ces magnifiques fruits dont le jus glougloute paisiblement dans les caves, la vigne nous offre son spectacle automnal, en illuminant les collines alsaciennes de ses multiples nuances d’or et de feu…
L’extrême ouest du G.C.Florimont
Pour cette deuxième soirée de la nouvelle saison de notre club AOC, Florian (enema) nous a emmenés à la découverte des vins de la Mosel.
Ce jeune vigneron de Dambach nous a accueillis sous son toit pour nous proposer un tour d’horizon des crus de cet autre vignoble où le riesling est roi…
Qui a dit que les alsacos étaient chauvins ???
Florian avait profité d’un séjour de formation de deux mois au domaine Zellbach-Oster à Zeltingen pour essayer de comprendre les terroirs et les pratiques viticoles locaux, sans oublier
de collecter les 13 bouteilles avec lesquelles il se propose, ce soir, de nous initier à l’esthétique particulière de ces vins.
Les meilleures parcelles de ce vignoble qui borde les méandres de la Mosel se situent sur des coteaux aux pentes souvent vertigineuses, exposés plein sud. Le sous-sol est composé principalement
de schistes avec, sur certains terroirs, des sables d’origine volcanique.
La dégustation, les commentaires et l’évaluation ne se sont pas faits à l’aveugle : chaque bouteille a été présentée et expliquée par Florian.
Soirée du 22 octobre 2009 à Dambach
Verre INAO.
1. Schwartz Riesling 2008 – F. Kraemer à Erden
La robe est curieusement évoluée, le nez est bizarre avec des notes de réduction puis de fumée suivi d’un léger fruité. La bouche est légère avec des arômes une peu confus et une finale
plate.
Ce vin, issu du cépage pinot meunier sera le seul rouge de la soirée…histoire de se faire une idée. Pour moi ça manque vraiment de charme !
BOF
2. Weissburgunder 2007 – Selbach-Oster à Zeltingen
Le nez est charmeur sur l’ananas frais, la « Barbapapa », la noix de coco mais la bouche est déstructurée et manque de consistance avec une attaque molle et une finale un peu
lourde.
Issu de pinot blanc ce vin est un peu frustrant tant le passage du nez à la bouche est décevant…dommage !
BIEN-
3. Riesling Classic 2008 – G. Heinrich à Zeltingen
Le nez est fermentaire avec des notes de banane sur un fond légèrement citronné, l’attaque en bouche est très vive, le milieu révèle des SR et le finale est fraîche mais marquée par du SO2.
Un premier aperçu sur ce cépage avec ce vin à la structure bien confuse, qui a bien du mal à convaincre l’assemblée.
BIEN-
4. Riesling Kabinett 2007 - Selbach-Oster à Zeltingen
Le nez est plus net mais les arômes sont relativement discrets, l’aération révèlera des notes citronnées et exotiques. La bouche est fringante, légère et acidulée avec des SR toujours très
présents et une finale encore marquée par du SO2.
9,5° et 34,5 g de SR… on se rapproche du style mosellan, tout en s’éloignant des canons alsaciens, avec ce vin assez agréable mais manquant
d’harmonie.
BIEN
5. Riesling Zeltlinger Schlossberg 2007 - Selbach-Oster à Zeltingen
Le nez est discret, citronné et légèrement fumé. L’attaque en bouche est acérée avec une acidité verte et très violente qui domine l’ensemble.
Issu d’un terroir de schistes et de cailloux, ce riesling possède une acidité hors normes…et vaut 14 euros au départ du domaine…OUCHHH !
BOF
6. Riesling Ürziger Würtzgarten 2002 – H. Schweistahl à Ürtzig
Le nez est franc et direct sur des fruits exotiques frais (mangue, litchi) et quelques herbes aromatiques. La bouche est tendue, l’acidité est plus fine mais encore trop présente, la finales est
assez agréable sur des notes de tisane (verveine, mélisse).
Une matière moins sauvage, une palette plus complexe mais il reste un déséquilibre acide en bouche…les effets bénéfiques du vieillissement se font sentir mais
visiblement 8 ans ne suffisent pas !
BIEN+
7. Riesling Ürziger Würzgarten 2008 – Mönchhof à Ürzig
Le nez présente une palette complexe avec un fruité net (citron, fruits à chair blanche…) et des notes de menthe et d’anis. La bouche est plus précise avec un léger perlant et une finale assez
longue marquée par des nuances minérales et un retour sur les herbes aromatiques (verveine, menthe verte).
Comme quoi on peut trouver des vins jeunes bien équilibrés… !
BIEN+
8. Riesling Zeltlinger Himmelreich 2008 – G. Heinrich à Zeltingen
L’attaque est marquée par de fortes notes de réduction, puis le nez s’ouvre peu à peu avec de délicates notes de fruits à chair blanche. La bouche est assez agréable mais la structure manque
d’homogénéité.
Un terroir de schistes et de sables volcaniques et une vinification avec des levures indigènes (procédé rarissime dans cette région)… un OVNI que son prix (moins
de 5 euros) rend finalement sympathique !
BIEN
9. Riesling Zeltlinger Himmelreich 2007 – Selbach-Oster à Zeltingen
Le nez est classique avec une belle pureté et une palette classique sur des notes citronnées et pierreuses. La bouche semble à nouveau déséquilibrée avec cette acidité tranchante qui domine tout
et rend la finale particulièrement agressive.
Un nez assez engageant mais une bouche redoutable… je ne peux pas imaginer qu’une telle matière puisse trouver une cohérence avec le temps !
BIEN-
10. Riesling Erdener Treppchen Spätlese 2007 – F. Kraemer à Erden
Un nez flatteur marqué par la surmaturité (notes de caramel) s’ouvre sur une belle palette exotique. La bouche est grasse, un peu lactée avec une rondeur avenante et un fruité exotique très mûr.
La finale est marquée par du SO2.
La surmaturité donne une personnalité plus aimable à ce vin qui doit quand même encore trouver son équilibre.
BIEN
11. Riesling Erdener Treppchen Auslese 2007 – Christophel à Erden
La surmaturité est très présente au nez, les fruits exotiques frais sont au rendez-vous et la bouche possède une certaine harmonie entre des SR présents (environ 100g) une acidité un peu moins
stricte et un perlant très présent.
Un vin issu de parcelles situées sur des falaises aux pentes vertigineuses (« Treppchen » se traduit par « petit escalier »). Le style est
particulier mais l’ensemble possède une réelle cohérence.
BIEN+
12. Riesling Sonnenuhr Spätlese 2008 – Ackermann à Zeltingen
Le nez manque de franchise entre des notes de caramel et des évocations citronnées. La bouche est constituée d’éléments assez équilibrés mais l’harmonie fait encore défaut.
Un bien joli nom pour cet autre terroir mosellan, baptisé « cadran solaire », mais un vin qui doit encore attendre pour se révéler.
BIEN-
13. Riesling Sonnenuhr Auslese 2001 – Ackermann à Zeltingen
Le nez est pur et doté d’une belle complexité avec un fruité exotique, des notes terpéniques et des arômes d’herbes comme la sauge et la menthe. La bouche est équilibrée et ample avec une acidité
et des SR en harmonie. La finale est longue et marquée par d’agréables notes de tisane.
Les années ont apporté du fondu à cette belle matière mais le vin semble quand même déjà bien évolué pour son âge…sa palette trahit l’âge mûr. Il faut quant même
relever l’excellent rapport Q/P de cette bouteille : 5,70 euros pour les 50 cl., c’est cadeau.
TRES BIEN
La soirée continue avec une dégustation hors-sujet proposée par Florian sur quelques bouteilles de son domaine… comment résister !
Pour rester sur le cépage roi de cette soirée nous optons pour une petite série de rieslings Frankstein.
1. Riesling Frankstein 2006 : un nez fin marqué par des notes florales et légèrement résineuses, la bouche est
équilibrée et élégante, la finale est longue et profondément minérale. Charmeur.
2. Riesling Frankstein 2007 : le nez est discret sur un registre floral et la bouche est ample et concentrée avec
une salinité puissante et une grande longueur.
Puissant.
3. Riesling Frankstein 2008 : le nez est encore confus mais la matière en bouche est extrêmement prometteuse :
on y retrouve la puissance, l’équilibre et la salinité du 2007. Prometteur.
4. Riesling Frankstein 2009 : un vin au milieu de sa fermentation alcoolique qui possède une belle matière mûre et dense avec une acidité longue et tendue qui va
construire un bel équilibre.
Confiant…
Conclusions
· Ce fut une soirée intéressante pour notre culture personnelle car elle nous a permis de nous faire une idée un peu plus précise sur ce vignoble finalement si proche de notre
région. Encore merci à Florian pour ses recherches.
Au niveau gustatif, il faut bien reconnaître que nous sommes un peu restés sur notre faim…
· Ces vins de la Mosel possèdent des acidités terrifiantes, des sucres résiduels pas toujours intégrés…si on ajoute à ça du CO2 un peu partout et du SO2 souvent au dessus du
seuil de perception, sans parler des prix qui dépassent parfois ceux des G.C. alsaciens… pour moi ça fait beaucoup !
Ceci dit ces vins ont été surement servis trop jeunes…mais quand même…je ne suis pas sûr d’avoir envie d’y revenir prochainement.
· Un petit coup de cœur néanmoins pour le dernier vin, le Sonnenuhr Auslese 2001, qui ressemble à une belle VT alsacienne et qui présente un excellent rapport Q/P.
· Une mention spéciale pour les bouteilles de la dégustation hors-sujet : les rieslings Frankstein de Florian sont à recommander de toute urgence.
· Un dernier petit conseil pour les lecteurs non familiarisés avec la langue de Goethe : la prononciation à voix hautes de vocables possédant 1 voyelle pour 10 consonnes
peut s’avérer dangereuse pour un appendice lingual non entraîné…Prudence !
Cette soirée de reprise du club AOC nous a mené à la rencontre de prestigieuses bouteilles de Bordeaux sur deux beaux millésimes des années 80.
Après une première incursion dans cette grande région viticole, qui nous avait un peu laissés sur notre faim, nous nous sentions obligés d’y revenir avec une sélection de vins plus
ambitieuse.
Comme à l’accoutumée c’est Stéphane qui s’est chargé du casting pour trouver les flacons qui allaient illustrer le thème de cette soirée : convaincre des palais alsaciens réputés pour leur
exigence et leur chauvinisme, qu’il y a du vin au delà de la ligne bleue des Vosges…
Les vins étaient servis aux alentours de 15° après un passage en carafe de 15 à 20 minutes. La dégustation, les commentaires et l’évaluation se sont faits à l’aveugle, mais les millésimes étaient
connus : 1982 ouvrirait la séance suivi de 1986.
Soirée du 18 septembre 2009 à Illkirch
Verre Schott Zwiesel N°2
Un petit tour de chauffe régional pour affuter les papilles avec :
1. Sylvaner Expression 2007 – Domaine de l’Agapé à Riquewihr
Le nez est complexe avec un léger fumé et des nuances d’épices, la bouche est un peu simple, l’acidité est assez virulente mais la finale possède une belle minéralité.
Un nez engageant mais la bouche est un peu rude… un vin a attendre encore un peu pour lui laisser le temps de s’harmoniser.
BIEN
2. Alsace 2008 – M. Deiss à Bergheim
Un nez surprenant, voire un peu douteux… des fruits blancs mais aussi une petite déviance liégeuse, la bouche n’est pas encore en place mais les éléments qui la composent sont dotés d’une réelle
puissance.
Un vin à revoir, trop jeune à coup sûr avec peut-être un souci au niveau du bouchage….il mérite une seconde chance.
BOF
Série des vins de 1982 :
3. Château de Marbuzet 1982 – Saint Estèphe
Un nez ouvert avec un fruité assez riche, des notes d’humus et de fumé léger, la bouche est assez décevante, un peu déséquilibrée, un peu étriquée et marquée par une finale très sèche.
Un nez flatteur et engageant mais une bouche qui manque de volume… ce vin n’était pas fait pour durer plus d’un quart de siècle.
BIEN-
4. Château la Croix de Gay 1982 - Pomerol
Un nez de fruits rouges confiturés et d’épices douces, une bouche d’une ampleur moyenne avec des tanins soyeux et une palette aromatique complexe.
La matière n’est pas terriblement concentrée mais ce vin joue la carte de la finesse et de l’élégance.
TRES BIEN-
5. Château de Sales 1982 - Pomerol
Le nez est torréfié (café moulu), épicé avec quelques notes d’encens, la possède du gras et une acidité assez large, les tanins sont soyeux et fins et la finale est longue.
Un bel équilibre et une jeunesse insolente…un très beau vin.
TRES BIEN
6. Château la Louvière 1982 – Pessac-Léognan (simplement Graves à l’époque…)
Un nez riche et puissant sur les fruits noir et le cèdre, une bouche dense et charnue avec des tanins ronds et une finale longue, un peu marquée par l’alcool.
Dommage pour cette impression finale un peu chaude…le bougre en aurait-il encore sous la pédale ?
TRES BIEN
7. Château Malartic-Lagravière 1982 - Pessac-Léognan (simplement Graves à l’époque…)
Un nez de fruits noirs confits avec quelques notes alcooleuses, la bouche est fraîche et équilibrée avec une finale assez courte et légèrement amère.
Le nez tient encore un peu debout mais la bouche trahit l’évolution…l’apogée semble bien dépassé.
BIEN
Série des vins de 1986 :
8. Château Lascombes 1986 - Margaux
Un nez séduisant marqué par les fruits rouges et les épices, la bouche est un peu dissociée mais les éléments qui la structurent (alcool, acidité, tanins) sont d’une grande puissance.
A priori je dirai jeune… mais y a-t-il vraiment un espoir pour que ce vin trouve son équilibre ?
BIEN
9. Clos René 1986 - Pomerol
Un nez fermé avec une palette un peu douteuse évoquant le sous-bois avec une petite déviance liégeuse, la bouche est rustique avec des tanins puissants et des sensations acides et alcooleuses peu
agréables.
Un vin austère qui manque d’harmonie avec des perspectives d’évolution assez pessimistes à mon sens.
BOF
10. Château Les Ormes de Pez 1986 – Saint Estèphe
Les nez est frais et agréable sur la myrtille et les épices douces, la bouche joue sur un registre viril mais l’équilibre est là. La finale est longue mais un peu sèche.
Un Saint Estèphe masculin classique qui tient son rang sans faire son âge.
BIEN+
11. Château La Gaffelière 1986 – Saint Emilion
Un nez pur et délicat sur les fruits rouges très mûrs, la bouche offre une belle matière dense, ronde et soyeuse avec un équilibre tonique et une finale longue et poivrée.
Un beau vin, complet, riche et bien structuré…s’il fallait en choisir un de la série, ce serait celui là !
TRES BIEN+
12. Château Montrose 1986 – Saint Estèphe
Un nez complexe de fruits rouges, de calyptol avec quelques notes empyreumatiques (grillé, caoutchouc), la bouche est très dense, les tanins sont serrés, la structure est très bien équilibrée
mais le vin reste dur et austère.
Un grand vin sans aucun doute. Il paraît encore telle ment jeune qu’on est amené à se demander s’il a déjà un peu évolué depuis sa naissance…
TRES BIEN
Conclusions :
· C’est avec une certaine émotion que j’ai redécouvert ces 2 millésimes dont j’avais garni ma cave au début de ma longue carrière de picoleur.
Bien évidemment, la soif et le manque de place aidant, ces flacons avaient disparu de mes étagères depuis bien longtemps... un grand merci à Stéphane pour ce voyage dans le temps !
· S’il fallait choisir un millésime, je dirais 1982 sans hésiter. Non pas parce que, comme l’a dit l’un des jeunes insolents de la bande AOC « c’est normal que les vieux
préfèrent les crus les plus âgés », mais bien parce que j’y ai trouvé des vins harmonieux, sereins, pleins de charme et de classe.
1986 a fait des vins denses et un peu rustiques qui doivent encore se patiner pour gagner en harmonie… mais y arriveront-ils un jour ?
· Coup de cœur néanmoins pour La Gaffelière 1986 vraiment au top et mention spéciale au Château de Sales 1982 pour son élégance et sa
sensualité.
Amateur de vin depuis près de 30 ans et internaute intervenant sur un forum de dégustateurs depuis plusieurs années, j’ai crée ce blog pour regrouper et rendre plus accessibles mes modestes contributions consacrées à la chose vinique.
Mes articles parlent presque toujours de rencontres que j’ai eu l’occasion de faire grâce au vin :
rencontres avec de belles bouteilles pour le plaisir des sens et la magie de l’instant,
rencontres avec des amis partageant la même passion pour la richesse des échanges et les moments de convivialité inoubliables,
rencontres avec des vignerons et avec leur vignoble pour des moments tout simplement magiques sur les routes du vin ou au fond des caves.
J’essaie de me perfectionner dans l’art compliqué de la dégustation dans le seul but de mieux comprendre et mieux pouvoir apprécier tous les vins.
Mes avis et mes appréciations sont totalement subjectifs : une dégustation purement organoleptique ne me procure qu’un plaisir incomplet.
Quand j’ouvre une bouteille de vin, j’aime pouvoir y associer le visage du vigneron qui l’a fait naître, j’aime connaître les secrets de son terroir, j’aime avoir plein d’images et de souvenirs associés à ce liquide blanc ou rouge qui brille dans mon verre.
Merci à tous ceux qui viennent me rendre visite.
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